Les Branquignols

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Branquignols / Branquignol
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Les Branquignols sont une troupe de comédiens créée par Robert Dhéry et Colette Brosset et active depuis les années 1940, jusqu'aux années 1970. Cette dénomination provient d'un néologisme semi-argotique combinant le terme « branque » signifiant insensé et le terme « guignol » désignant un personnage amusant voire ridicule.

La plupart des membres de la troupe sont à la fois comédiens, musiciens et chansonniers : on y compte notamment Louis de Funès, Jean Lefebvre, Jean Carmet, Jacqueline Maillan, Michel Serrault, Micheline Dax, Christian Duvaleix, Pierre Olaf, Jacques Legras, Robert Rollis, Roger Caccia, Pierre Tornade, Annette Poivre, Mario David, etc.

Certains des spectacles des Branquignols sont adaptés au cinéma, dans des films souvent réalisés par Robert Dhéry.

Membres de la troupe

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Pour son premier spectacle donné en 1948, la troupe se compose de :

  • Robert Dhéry, fondateur ;
  • Colette Brosset, son épouse ;
  • Gérard Calvi, pour la musique, qu'il a connu au Conservatoire de Paris ;
  • Rosine Luguet, dont il a remarqué le numéro de funambule donné au Gala des artistes ;
  • Pierrette Rossi, fille de Tino Rossi ;
  • Francis Blanche ;
  • Jean Carmet ;
  • Christian Duvaleix ;
  • Micheline Dax ;
  • Jacques Ary ;
  • Roger Saget ;
  • Robert Destain ;
  • Jacques Emmanuel ;
  • Willy Lockwood jouant de la contrebasse.

Durant les années suivantes, rejoindront également la troupe : Jacques Legras, Roger Caccia, Guy Piérauld, Mario David, Pierre Olaf, Jean Richard, Michel Serrault et sa femme Juanita Saint-Peyron.

Historique

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Naissance des Branquignols

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Une partie des membres des Branquignols font connaissance dès 1941 au Conservatoire d'Art dramatique de la rue de Madrid où s'est inscrit Robert Dhéry.

Initialement la troupe est intitulée « Les Gaufrettes ». Lors de la préparation de leur revue, le père de Colette Brosset, surnommé « Bouboute », dit à son gendre : « Ne vous en faites pas. Ca ira ! Vous allez tous jouer comme des branquignols ! ». Ce terme plut aussitôt à Robert Dhéry et Colette Brosset, lesquels décidèrent de rebaptiser le nom de leur troupe.

Le nom de la troupe reprend donc à son compte le vocable « branquignols », qui désigne à la fois des personnes excentriques (des « branques » en bordelais, des guignols), se mettant dans des situations tragi-comiques ou se plaisant à les provoquer mais aussi certains individus qui n'inspirent pas confiance, soit par manque de sérieux, soit par manque d'intelligence.

La générale du spectacle Branquignols se tient le au Théâtre La Bruyère, dirigé par Georges Herbert. Elle remporte un grand succès critique et populaire, assurant celui des représentations suivantes, soit plus de mille. Au fil des années ce succès engendre trois nouveaux spectacles : Dugudu (1951), Les Belles Bacchantes et Jupon vole.

Premiers succès

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Leurs spectacles connaissent un certain parfum de scandale car ils comportent systématiquement de jolies filles dévêtues, ce qui est osé pour l'époque. Le caractère souvent abstrait voire absurde qualifié de « Nonsense » britannique, devient particulièrement apprécié dans l'immédiate après-guerre. La musique enjouée signée par Gérard Calvi joue un rôle significatif dans les spectacles, offrant la matière à de nombreux gags.

La plupart de leurs pièces connaissent de très multiples représentations, notamment la célèbre Ah ! les Belles Bacchantes qui est jouée 883 fois puis reprise au cinéma.

Triomphe international

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La Plume de ma tante, plébiscite en Angleterre

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L'influent imprésario et producteur britannique Jack Hylton, ancien chef d'orchestre importateur du jazz en France, assiste sans se signaler aux spectacles des Branquignols. Selon les soupçons de Dhéry, leur bienfaiteur Maurice Chevalier lui aurait suggéré de s'intéresser à eux pour tenter de les montrer en Angleterre, notamment parce Dhéry parle anglais. Hylton finit par se présenter en coulisses après une représentation de Jupon vole et leur annonce d'emblée : « I'd like you to come to London ». À Dhéry qui lui retorque que ce spectacle est en français, Hylton ne voit aucun problème : il demande à compiler le meilleur de leurs numéros visuels issus de tous leurs spectacles, que Dhéry présenterait en anglais avec son accent qu'il considère « à lui seul une garantie ». Dhéry élabore alors ce spectacle « patchwork » sous le titre La Plume de ma tante, première expression (en) que les anglophones apprennent en français (l'équivalent pour eux de My tailor is rich). Cette offre inattendue oblige Dhéry à préparer et répéter ce spectacle en parallèle d'une pièce de Marcel Achard qu'il doit jouer avec Brosset au théâtre en Rond, à partir de . Tout un entourage gravitant autour de la pièce influence le futur show britannique, par amitié ou par envie de montrer le meilleur de le France au public d'outre-Manche : Achard et son compositeur Georges van Parys, le cinéaste Jean Renoir voisin du théâtre, le fidèle Pierre Tchernia, ainsi que des artistes de Montmartre comme les peintres Marcel Vertès, André Dignimont, Lila De Nobili et Erté. Ces derniers livrent des décors, costumes et affiches raffinés à La Plume de ma tante. Le lendemain de la dernière d'Achard, la troupe des Branquignols part pour Londres.

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Le spectacle « best-of » La Plume de ma tante remporte deux ans durant un immense succès au Garrick Theater à Londres.

Après sept ans de succès parisien, Dhéry, Brosset et leurs Branquignols — ici composés par Legras, Christian Duvaleix, Olaf, Caccia, Daubray, les danseuses Laurence Soupault et Nicole Parent et le cheval Caïd — débarquent en Angleterre au début de l'automne 1955, pour un contrat d'essai de deux mois. Seul Dhéry et Olaf parlent anglais, avec un lourd accent. Les lois syndicales imposent l'engagement de danseuses locales. Brosset se démène à auditionner les 300 jeunes candidates avec difficulté, bloquée par la barrière de la langue. Parmi les artistes anglais agrémentant la troupe, Ross Parker (en) se charge aussi de la traduction des paroles. La Plume de ma tante est prévu à Londres au Garrick Theater. L'ambiance est lugubre lors des répétitions et le contact froid avec les techniciens et danseuses britanniques. Échaudé, Jack Hylton exige de roder le spectacle en octobre dans un casino de Southsea : ces représentations, dans une station balnéaire alors vidée de ses curistes, sont mitigées, n'attirant pas grand monde et les permutations de l'ordre des scènes de jour en jour n'y changent rien. Les Branquignols craignent même ne pas boucler les deux mois du contrat.

La générale à Londres, le , est finalement une réussite, le public devenant hilare dès le premier gag de Duvaleix en Napoléon hargneux. La critique est élogieuse et le public nombreux. Les spectateurs de tous âges s'entichent de Caïd et le couvrent de cadeaux. Les enfants royaux Charles et Anne ne ratent aucun passage du cheval devant le palais de Buckingham pour rejoindre son écurie, accompagné de son dresseur habillé en cow-boy. La presse traite Colette Brosset en star. Les Branquignols s'installent durablement à Londres, avec leurs familles, et apprennent peu à peu l'anglais. En coulisses, la distance des premières semaines des partenaires britanniques se transforme en chaleureuse camaraderie. Pendant deux ans, le spectacle va être donné chaque soir de la semaine, plus une représentation dans l'après-midi les mercredis et samedis, sans jamais de semaine de vacances. Peu a peu, les places se réservent six à sept mois a l'avance. Outre les vedettes du show-business et d'autres officiels britanniques ou étrangers, le parterre est par six fois honoré de la présence de la princesse Margaret, sœur de la reine,. Danny Kaye leur propose de venir à New York pour lui créer un spectacle.

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Les Branquignols amusent à plusieurs reprises Élisabeth II.

Les Branquignols jouent un extrait de La Plume de ma tante au programme du gala Royal Command Performance (en) le au Victoria Palace Theatre (en), devant la reine Élisabeth II,. Six mois plus tard, la princesse Margaret commande à Dhéry, par l'intermédiaire du marquis de Douro, une farce pour sa sœur Élisabeth lors d'une réception à Apsley House. Dhéry et Brosset réunissent la troupe, rapatriant en urgence ceux qui profitaient du week-end en France. Puisque la reine est profondément lassée par la musique de chambre, ils montent en secret, en deux jours, à l'insu de Jack Hylton, un numéro d'orchestre de chambre, d'abord sérieux, minable et ennuyeux, avant de révéler leur loufoquerie et abîmer leurs instruments truqués. La reine, séduite et amusée par le piège, reçoit ensuite les Branquignols une demi-heure dans un boudoir (à l'exception de Ross Parker (en), car le protocole écarte les sujets de Sa Majesté sans étiquette), et s'engage à venir les voir au Garrick Theater après sa visite d'État au Nigeria ; Colette Brosset danse avec le duc d'Édimbourg.

Tenant sa promesse, la reine Élisabeth vient voir La Plume de ma tante le , accompagnée de son époux Philip, de Margaret, de la reine-mère et de leur suite,,. Sa venue fait fi du protocole en outrepassant l'absence de loge royale dans les gradins. Onze spectateurs laissent leurs places, pourtant réservées des mois à l'avance, au premier balcon, une position à l'abri des photographes. En coulisses, Dhéry, inquiet, pense supprimer le numéro de la vespasienne, de peur de déclencher un scandale voire d'être accusé de crime de lèse-majesté. Le detective chargé de la protection de Margaret insiste pour appliquer l'ordre transmis par le Palais : rien ne doit être changé au spectacle, aucune coupure ; cette scène où les comédiens font semblant d'uriner est donc bien jouée devant la reine,. Exceptionnellement, la troupe achève le show sur l'hymne national britannique God Save the Queen. La reine part en laissant un mot de remerciements manuscrits à Hylton. Cette soirée particulière s'achève par la célébration de l'anniversaire de Brosset. La nuit se termine au poste de police après que Caïd se soit enfuit dans les rues de Londres pour s'introduire dans les écuries royales ; toute la troupe s'était lancée à sa poursuite, sous les flashs des quelques photographes encore présents,.

La venue de la reine assoit la popularité du spectacle auprès des Londoniens et leur attachement envers la troupe. Un mercredi, les Branquignols donnent une troisième représentation caritative (« midnight matinee », après celles de l'après-midi et de la soirée) au profit du French Hospital alors en difficulté, à l'instigation de l'ambassadeur Jean Chauvel ; avant le spectacle, plusieurs stars anglaises — Norman Wisdom, Terry-Thomas, Tommy Trinder et le Crazy Gang (en) — débarquent déguisées en ouvreuses pour vendre les programmes, récoltant ainsi mille livres supplémentaires. Un soir de , ils assurent le show malgré la douleur de la nouvelle du suicide de leur ami André Frédérique. Avec le temps, la France commence à manquer aux membres de la troupe. Cependant, en raison du triomphe du spectacle, Dhéry est aussi régulièrement sollicité par des producteurs pour partir le donner à New York. Il sélectionne finalement la proposition de David Merrick (en), prospère imprésario américain, arrivé avec une lettre de recommandation de Marcel Pagnol. À la fin de la dernière londonienne de La Plume de ma tante, en 1957, le public, attaché à cette troupe de Français, se lève et chante doucement La Marseillaise. Les Branquignols ont assuré 750 représentations en deux ans, sans une semaine de vacances.

Pommes à l'anglaise, l'interlude parisien

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Les Branquignols en Queen's guards dans Pommes à l'anglaise sur la scène du théâtre de Paris en 1957.

Avant l'Amérique, Dhéry et Brosset, souffrant du mal du pays, obtiennent de revenir en France pour six mois. Les Branquignols tiennent ainsi dans cet intermède le spectacle Pommes à l'anglaise au théâtre de Paris, parodiant la vie londonienne. Étant brouillé avec Francis Blanche, ils écrivent les paroles de chansons avec André Maheux. Dhéry, Legras, Olaf, Brosset, Caccia, et les danseuses Laurence Soupault et Nicole Parent participent encore, rejoints par les duo de débutants Guy Grosso et Michel Modo ainsi que Robert Rollis. Dhéry rappelle aussi Jean Lefebvre, déjà dans Jupon vole, déterminé à le présenter ensuite au public américain. Cavalier, Lefebvre amène son cheval Athos sur scène, pour remplacer Caïd vieillissant — un gag requiert un cheval capable de rire. Dhery intègre et étend le numéro de l'orchestre de chambre déficient inventé pour Élisabeth II. À la générale, le , le public les émeut en leur lançant des « Restez ! Restez ! », alors que la troupe sait son départ prochain. Un disque des chansons est édité par Vogue. Après les représentations, Laurence Soupault laisse la troupe pour épouser le codirecteur du théâtre, Hubert de Malet.

La Plume de ma tante à la conquête de Broadway

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La comédie musicale La Plume de ma tante rencontre un nouveau succès aux États-Unis à Broadway durant trois années consécutives. En 1959, ce spectacle remporte le trophée spécial de la meilleure comédie musicale, Special Tony Award. Les représentations à Broadway gênèrent deux milliards d'anciens francs de recette.

La Belle Américaine, réussite internationale

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Colette Brosset et Robert Dhéry débarquant en à l'aéroport d'Amsterdam pour la promotion de La Belle Américaine aux Pays-Bas, à bord de la décapotable du film.

À l'époque où les Branquignols remplissent les théâtres britanniques, Pierre Tchernia, lors d'un dîner en Angleterre, a soumis un éventuel sujet de film à Dhéry et Brosset : « Une idée m'est passée par la tête. En allant chez ma mère, à Levallois, j'ai traversé toute cette zone sur laquelle on va construire un grand boulevard périphérique, je suis passé devant une vieille maison miteuse toute noire, le long de laquelle il y avait une superbe voiture américaine blanche. Je me suis dit que ce serait intéressant qu’un des locataires de cette masure fût le possesseur de cette auto ». Le lendemain, Dhéry rattrapait Tchernia avant son retour pour la France : « Je ne voulais pas que tu repartes à Paris sans t'avoir dit qu’il faut absolument qu’on fasse ce film »,. Il prend plusieurs années à faire grandir le sujet dans son esprit,.

Intitulé La Belle Américaine, après avoir songé à La Belle auto blanche ou La Fierté du quartier, le film raconte les mésaventures d'un ouvrier qui achète à bas prix une splendide décapotable américaine, source de tracas auprès de ses voisins, sa famille, son patron,. Dhéry et Tchernia écrivent et réalisent ensemble le film, soutenu avec beaucoup de largesses et de liberté par le producteur Henri Diamant-Berger. Diamant-Berger s'oppose seulement au surcoût de la couleur, encore un luxe dans le cinéma français d'alors ; au bout de vives protestations, Tchernia et Dhéry ne l'obtiennent qu'à la dernière séquence. Tchernia relativise : « cela donne un petit plus au film : quand nos héros triomphent, on passe du noir et banc à la couleur. C'est déjà pas mal ». Alfred Adam signe les dialogues.


Dhéry réunit comme à son habitude sa troupe et d'autres amis — Brosset, Adam, Pierre Dac, Michel Serrault, Jacques Fabbri, Bernard Lavalette, Jacques Legras, Christian Marin, Jean Richard, Robert Rollis, Christian Duvaleix, Roger Pierre et Jean-Marc Thibault, Grosso et Modo — et confie même deux personnages de frères retors à Louis de Funès,. Le tournage a lieu de juin à août 1961 en région parisienne. Tchernia passe derrière la caméra lorsque Dhéry joue. La voiture objet de tous les regards, désignée comme une Cadillac dans les dialogues, est une Oldsmobile 98 modèle 1959 maquillée et fortement modifiée par les carrossiers Pichon-Parat (en),.

À la sortie en salles en , la critique française est laudative,. France-Soir déclare notamment : « C'est ce que le cinéma comique français nous a donné de mieux depuis longtemps ». C'est un triomphe public avec 4 151 161 entrées en France. La Belle Américaine s'exporte avec succès, porté par la réputation des Branquignols dans les pays anglophones. Dhéry et Brosset partent présenter le film dans toutes les capitales d'Europe, d'Amérique ou encore au Japon. The New Yorker proclame que « Robert Dhéry démontre qu'il est l'un des hommes les plus drôles de notre époque ». Le film engrange dix millions d'entrées en Union soviétique et 607 000 entrées en Allemagne de l'Ouest.

La Grosse Valse, l'envol de Louis de Funès

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Lors de la présentation de La Belle Américaine à travers le monde, Robert Dhéry et Colette Brosset passent un temps considérable d'aéroports en aéroports,. Dhéry observe les passagers ou le personnel et puise dans l'ambiance de ces lieux, sources d'ennuis, de précipitation et de fatigue, l'idée d'un nouveau spectacle. Lorsqu'une tempête de neige le bloque pendant trois jours à Rochester, aux États-Unis, il a le temps d'imaginer une comédie musicale centrée autour de Louis de Funès en douanier, nourrie des anecdotes de passages à l'aéroport de leurs multiples tournées internationales,. Ce dernier lui avait justement exprimé son envie de danser et chanter dans un tel spectacle,. Dhéry a l'audace de lancer une revue, genre alors délaissé au profit du vaudeville. Porté par ses précédents triomphes sur scène et au cinéma, il bénéficie d'une carte blanche du théâtre des Variétés et d'un budget faramineux de 15 millions de francs. Louis de Funès est quant à lui auréolé par la consécration d'Oscar au théâtre de la Porte-Saint-Martin,.

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Le képi du douanier Roussel dans le spectacle La Grosse Valse, exposé au musée Louis-de-Funès.

Louis de Funès tient le rôle du douanier Roussel, de l'aéroport d'Orly, servile avec son supérieur bonne pâte incarné par Pierre Tornade et intraitable avec ses subordonnés joués par Grosso et Modo : zélé et méfiant, il est bien décidé à empêcher l'entrée de marchandises illicites ou non déclarés, tandis que les voyageurs se démènent pour échapper à sa vigilance,. Il guette l'arrivée d'une valise suspecte : « la grosse valise », que sa hargne et ses tics transforment dans sa bouche en « la grosse valse ». Dhéry arrive avec une valise plus que douteuse, immense, de la taille de la cage de scène ; Roussel entreprend la fouille minutieuse de « la grosse valise », qui dévoile un tableau dément à chaque ouverture (une joute médiévale, un cabaret allemand, une feria, un combat de pirates, etc.). Une balance en forme de pin-up déclare le poids des passagers pour déceler tout transport caché. La première partie avant l'entracte se clôt sur une hallucination de Roussel, pour avoir essayé une cigarette de haschich : des valises défilent devant lui, changent de couleur et deviennent des éléphants roses, Roussel chevauche l'un d'eux puis s'envole lentement,.

La Grosse Valse repose sur 13 décors et 102 costumes, conçus par le scénographe Jacques Dupont, pour 90 rôles partagés par 31 comédiens. En dehors de quelques rôles uniques (dont de Funès, Dhéry, Brosset ou Tornade), les membres de la troupe se changent à la hâte pour passer d'un rôle à l'autre, pour figurer le personnel de l'aéroport ou l'intérieur de « la grosse valise ». Le théâtre doit donc dépenser 7 000 francs par soir pour cette large distribution et l'énorme machinerie mise en œuvre, un budget record pour du boulevard. Le décor à transformations requiert 17 machinistes, au lieu de quatre habituellement, chapeautés par un spécialiste des effets spéciaux venu de Londres, et oblige à retarder par trois fois la générale pour parvenir à être au point ; les premières soirées sont encore un rodage et voient quelques pannes. Des shows à l'étranger, Dhéry réengage des ballets d'Angleterre.

La critique est excellente, louant en particulier l'abattage du rôle principal. Avant même la générale, le directeur du Casino de Paris, Henri Varna, qui avait fait les beaux jours de l'âge d'or de la revue et de la comédie musicale dans l'entre-deux-guerres, déclame son admiration pour les prouesses visuelles et techniques du spectacle. Le succès commercial est gigantesque, malgré le coût hors-norme de chaque représentation. Les disques des chansons édités par Vogue se vendent aussi très bien. La Grosse Valse tient l'affiche des Variétés pendant un an et demi, d' à , au cours desquels se précipitent le public et les célébrités,. Après les 600 représentations d'Oscar, Louis de Funès mène La Grosse Valse — durant h 30 — à 400 reprises, à l'exception d'un soir de l'été 1963 où, handicapé au genou, il se fait remplacer par Michel Modo ; par ses inventions, la tête d'affiche allonge la revue au fil des représentations,. L'acteur tire ensuite du spectacle une partie de l'inspiration pour Le Gendarme de Saint-Tropez, le film qui le fait exploser à l'automne 1964.

Allez France !, l'aventure franco-anglaise

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Dans Allez France ! (1964), Robert Dhéry revêt l'uniforme de policier londonien.

Après La Grosse Valse, Robert Dhéry propose une nouvelle idée de scénario de film à Pierre Tchernia, se déroulant en Angleterre,. Tchernia valide d'emblée le projet, contextualisant a posteriori « Les Branquignols viennent de passer trois ans loin de Londres. Robert sera heureux d’y revenir. Il sait qu’avec la bizarrerie qui règne dans ce pays si proche et si lointain il y a de quoi faire un film »,. Le film raconte la venue à Londres d'une bande de supporters pour un match de rugby France-Angleterre au stade de Twickenham,. L'un deux, Henri, campé par Dhéry, fait ce voyage la veille de son mariage, et se casse une dent ; chez le dentiste, rendu muet par les soins, il finit par enfiler innocemment un uniforme de « bobby » puis baguenaude dans le Swinging London. Le film réunit une bonne partie de la troupe — tels Jean Lefebvre, Jean Carmet, Bernard Lajarrige, Robert Burnier, Robert Destain, Robert Rollis en supporters franchouillards — ainsi que les comédiens anglophones des excursions théâtrales britanniques et américaines. Dhéry et Brosset se font remplacer dans La Grosse Valse pour se consacrer au film. Une partie du tournage à Londres se fait sans autorisation, avec une deuxième équipe faisant diversion auprès des forces de l'ordre.

Allez France !, sorti en , est un bon succès avec 2 612 535 entrées, toutefois relativement décevant au regard du score de La Belle Américaine. Le film connaît ensuite de médiocres rediffusions télévisées, gâchées par l'absence de couleur et un doublage allant contre la volonté des auteurs, Dhéry expliquant : « Notre seul regret est de le voir repris par la télévision, en version doublée et en noir et blanc. Ce film est entièrement basé sur l’incompréhension de langue entre ces Français venus pour la première fois à Twickenham, et les Anglais. Avoir traduit les répliques anglaises en français est une absurdité ! Nous avions volontairement fait parler chacun dans sa propre langue et le dialogue restait parfaitement clair. La couleur est également très importante. Nous étions frappés, lorsque nous vivions à Londres, par les couleurs de l’Angleterre : les uniformes rouge et noir des horse-guards, les gazons verts, les fleurs multicolores, les autobus rouges, le ciel gris, les portiers d’hôtel galonnés d’or sont autant de notes essentielles à la vraie compréhension de ce pays. Dans notre film, nous avions très bien réussi à restituer cette ambiance ». Le film collecte également 21,1 millions d'entrées en Union soviétique et 230 000 entrées en Allemagne de l'Ouest.

Traductions de spectacles et film passé inaperçu

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En 1965, La Plume de ma tante est adapté pour le public français, sur des paroles de Francis Blanche, et représenté à Paris avec succès au théâtre des Variétés,. Un disque de cette version française est pressé par Vogue. La même année, Jean L'Hôte, également écrivain et ancien co-scéanariste de Jacques Tati, fait appel à ses comparses des Branquignols pour sa première réalisation de cinéma. La Communale adapte son roman du même nom, inspiré de son histoire familiale, avec Dhéry et Brosset en couple d'instituteurs et quelques autres membres de la troupe. La critique est mitigée. Le film enregistre 456 879 entrées.

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Programme de la version américaine de La Grosse Valse, jouée brièvement au 54th Street Theater, sur Broadway, en 1965.

Une version américaine de La Grosse Valse est lancée, dans le sillon du triomphe de La Plume de ma tante dix ans auparavant, avec l'essentiel de la troupe française,. Louis de Funès refuse néanmoins de jouer aux États-Unis, craignant que l'anglais bride son jeu. Il est remplacé par le comique britannique Ronald Fraser, qui livre une bonne prestation,. Cette adaptation, jouée à partir de , essuie de mauvaises critiques,. La presse regrette notamment que Brosset et Dhéry aient laissé leurs rôles à des Anglais. Selon Roger Lumont, « ils se sont plantés aux États Unis car […] les Américains attendaient la version made in France avec les prononciations et l'accent à la française ». Les producteurs anticipaient au moins six mois de représentations, sachant que les Branquignols avaient su tenir des années avec leur précédent spectacle,. Le spectacle — titré La Grosse Valise — quitte l'affiche à Broadway au bout de seulement cinq jours. À l'opposé, l'adaptation suédoise avec Martin Ljung (en) en douanier connaît un succès durable à Stockholm.

Le Petit Baigneur, plus grand succès au cinéma

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Devenu tête d'affiche au cinéma, Louis de Funès revient auprès des Branquignols pour Le Petit Baigneur, non sans heurts.

Entretemps, Louis de Funès est de son côté devenu le comique français le plus populaire, caracolant en tête du box-office depuis 1964,. Robert Dhéry s'associe avec le producteur Robert Dorfmann, derrière Le Corniaud et La Grande Vadrouille, pour monter un film mettant en valeur la nouvelle vedette entourée de ses camarades des Branquignols. Le Petit Baigneur raconte les mésaventures d'un directeur de chantier naval acariâtre, qui licencie l'un de ses ingénieurs avant d'apprendre que sa dernière création — un petit voilier baptisé Petit Baigneur — va se vendre comme des petits pains : il va dès lors toute faire pour le réembaucher, alors que celui-ci ne sait pas encore la valeur de son invention,. Louis de Funès incarne le patron, dans l'esprit de ses rôles habituels, et Dhéry s'attribue celui de l'innocent et gaffeur ingénieur,. De la troupe, on retrouve aussi Colette Brosset, Pierre Tornade, Robert Rollis, Jacques Legras, Roger Caccia ou encore Gérard Calvi, accompagnés d'un fidèle funésien, Michel Galabru,. Dhéry, Brosset, Tornade et Legras forment une mémorable fratrie de rouquins. Comme à l'accoutumée, Dhéry ouvre largement le peaufinage du scénario aux amis et collègues, Pierre Tchernia, Michel Modo, Jean Carmet, le monteur Albert Jurgenson et l'assistant-réalisateur Claude Clément.

Le film est tourné de septembre à à travers tout le pays. Grâce à l'énorme budget permis par le potentiel commercial de la tête d'affiche, Dhéry atteint la démesure de son délire et multiplie les gags extravagants et spectaculaires ; les prises de vues réclament ainsi une organisation délicate. Il n'avait jusque là disposé au cinéma que de moyens limités. Une mésentente s'installe vite entre Dhéry et de Funès,. Le comédien, encore perturbé par le tournage houleux de l'adaptation d'Oscar, n'accepte pas la trop grande place accordée aux autres personnages, alors que le film et son budget n'existent que par son nom seul ; il devient ingérable et colérique. Bien qu'il imaginait un film choral, Dhéry reconnait là l'angoisse du perfectionniste et se soumet à son jugement et ses recommandations. Malgré sa bile, l'acteur-vedette fait preuve d'énerge, d'inventivité, improvise avec son partenaire réalisateur et retrouve par moments des fous rires complices avec lui.

Une fois le tournage passé, l'amitié entre Louis de Funès et Robert Dhéry renaît comme avant. À sa sortie en , Le Petit Baigneur reçoit de bonnes critiques, saluant la profusion de gags en tous genres et l'intégration réussie de la tête d'affiche à un collectif — pourtant la difficulté majeure du tournage. Le film rassemble 5 542 755 spectateurs en France, dans la lignée des résultats commerciaux colossaux de l'acteur-vedette,. Il s'agit du film le plus vu dans les salles françaises durant l'année 1968,. C'est également un triomphe international avec 21,7 millions d'entrées en Union soviétique, près de deux millions en Allemagne de l'Ouest et 1,5 million en Espagne. Le Petit Baigneur demeure le plus grand succès cinématographique de Dhéry,.

Dernières années et postérité

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Vos gueules, les mouettes ! et anthologie Branquignols

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À la fin de la décennie 1960, Robert Dhéry met de côté quelques années l'écriture et la mise en scène, se laissant diriger par d'autres au théâtre et au cinéma. Il revient avec sa troupe sur la scène du théâtre des Variétés à partir d' pour le spectacle Vos gueules, les mouettes !, conçu avec Gérard Calvi et Françoise Dorin. Le cadre et le titre lui sont venus lors de la recherche de décors pour Le Petit Baigneur : « je suis parti en repérages, en quête d'un phare, et je me suis aperçu que c'était absolument intenable, inécoutable le bruit des mouettes, en haut. Les gardiens de phare ne s'en rendent pas comptent, eux, mais nous, ça nous frappe ! Et j'ai pensé à « Vos gueules, les mouettes ! », quelque-chose d'un peu agressif… ». Il pense en faire un film avant de s'orienter à nouveau vers la comédie musicale.

Le spectacle Vos gueules, les mouettes ! a lieu sur une île bretonne, où des incidents conjugaux obligent le gardien de phare à braquer la lumière sur sa propre maison en permanence, causant des désagréments pour toute l'île et ses alentours. La comédie musicale mise sur un décor à transformations grandiose, reconstituant l'île toute entière sur la scène, avec différents sous-décors (l'intérieur d’une maison, le phare, la cabine d’un bateau, etc.), réclamant, comme toujours chez Dhéry, un logistique complexe. Le spectacle est un triomphe, joué pendant deux ans, pour 450 représentations. Également, en 1972, désireux de faire connaître les Branquignols aux jeunes générations, Robert Dhéry décide de remonter la première revue au théâtre, un peu différente de celle de 1948, avec quelques nouveaux sketches, encore au théâtre La Bruyère. Cette anthologie permet de marquer en 1973 le 25e anniversaire de la création des Branquignols.

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L'abri du marin de Sainte-Marine, à Combrit, l'un des lieux de tournage de Vos gueules, les mouettes ! en Bretagne.

Une adaptation libre pour le cinéma de Vos gueules, les mouettes ! est ensuite lancée, grâce à Colette Brosset qui remanie l'intrigue pour s'éloigner de la pièce. Dhéry reconnaît que, sans son intervention, « je ne l'aurais pas fait. Il ne faut pas faire de théâtre filmé. Je me suis déjà fait avoir deux ou trois fois, et je ne veux plus ». La nouvelle histoire tourne autour d'un propriétaire de bazar, enthousiasmé par un concours de court-métrage amateur organisé par l'ORTF, se mettant à filmer la vie de son petit village breton. Le héros est incarné par Pierre Mondy, tout juste auréolé du succès colossal de Mais où est donc passée la septième compagnie ?. Le film ne conserve que quelques scènes de la pièce, et ne parvient pas vraiment à en retranscrire la folie, comme le film Ah ! Les belles bacchantes en son temps. À sa sortie en salles en , Vos gueules, les mouettes ! subit un demi-succès, ne réunissant que 1 045 135 spectateurs. La critique est mitigée. L'échec essuyé par le film est à l'opposé du succès qu'avait connu la comédie musicale.

En 1975, la troupe reprend à nouveau le spectacle Les Branquignols dans le même théâtre des débuts, en 1948, toujours sur une musique de Gérard Calvi, avec Pierre Olaf, Micheline Dax, Jacques Legras, Maurice Ducasse, Colette Brosset, Sophie Destaing, Pierre Tornade, Christian Duvaleix et Isabelle Duby. Pour le réveillon du , Antenne 2 diffuse à partir de 20 h 30 une captation filmée par François Chatel dans le même théâtre où la troupe fit ses débuts,.

Ultimes pièces et hommages

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En , le producteur Christian Fechner, qui a relancé Louis de Funès l'année précédente avec L'Aile ou la Cuisse, annonce de nouvelles retrouvailles entre sa vedette et ses anciens comparses des Branquignols,. Cette nouvelle réalisation de Robert Dhéry, Une pie dans l'poirier, est prévue pour 1978, dix ans après Le Petit Baigneur,,. Il coécrit le scénario avec Pierre Tchernia. Louis de Funès doit incarner un moine souffre-douleur mais l'acteur refuse finalement le scénario, pas assez abouti à son goût, causant la fin du projet.

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Les dernières pièces des Branquignols sont jouées au théâtre des Bouffes-Parisiens.

Au théâtre, les Branquignols reviennent en dans Le petit-fils du Cheik aux Bouffes-Parisiens. Une équipe de jeunes comédiens est engagée afin de renforcer l'équipe des « anciens » : Gérard Loussine, Nathalie Bleynie, Anne Villiers, Sophie Destaing, Isabelle Duby et Pierre Chosson,. De l'équipe originelle subsiste Colette Brosset, Christian Duvaleix, Jacques Legras, Micheline Dax et, dans le rôle principal, Pierre Olaf. En février 1978, les Branquignols célèbrent leur trentième anniversaire avec une grande fête dans ce même théâtre. La même année, Georges Perec cite les Branquignols dans le 454e des 480 souvenirs rassemblés dans son fameux Je me souviens.

À partir de la fin des années 1970, Robert Dhéry ne s'implique plus dans le cinéma, si ce n'est deux rôles dramatiques. Il déclare à cette époque : « Le moins que l’on puisse dire, c'est que je suis un cinéaste qui n'encombre pas le marché puisqu'en quinze ans je n'ai réalisé que quatre films ! Je tournerais volontiers davantage, seulement je suis le contraire d'un businessman, et pour monter un film il est préférable d’avoir le sens des affaires. De plus, j'avais beaucoup aimé travailler en collaboration avec Pierre Tchernia, et je regrette que ses multiples activités ne lui aient pas permis de retravailler avec moi par la suite, d'autant que j'aime beaucoup travailler en équipe… En tant qu'acteur, le cinéma ne fait pratiquement jamais appel à moi, car les réalisateurs partent du principe que je peux faire mes films moi-même. Je le regrette car j'adore jouer dans la mise en scène des autres. C'est merveilleux d'être dirigé par quelqu’un ! Quand cela m'arrive, je suis le roi, d’autant plus que tout faire soi-même représente énormément de boulot. Ainsi, un de mes plus grands regrets au cinéma, c’est de ne pas avoir joué dans un film de Jacques Tati car j'adore son univers ». Il n'écrit plus de spectacles mais continue de mettre en scène des pièces d'autres auteurs.

En 1982, presque trente ans après La Plume de ma tante, l'humoriste Ken Dodd, dans son émission The Ken Dodd Laughter Show sur la BBC, reçoit Dhéry, Legras, Olaf et Modo pour rejouer le numéro des sonneurs de cloches. Cette année-là, Robert Dhéry met en scène En sourdine… les sardines ! aux Bouffes-Parisiens, adaptation de la pièce Noises Off (en) de l'auteur britannique Michael Frayn, montée en même temps à Londres, racontant les coulisses agitées d'une représentation théâtrale,. La version française caricature Au théâtre ce soir. Le titre renvoie à Vos gueules, les mouettes !. Les historiques Colette Brosset, Jacques Legras et Bernard Lajarrige sont de la distribution,. Après une représentation, Louis de Funès rend visite une dernière fois à ses vieux amis, une semaine avant sa mort. La pièce est jouée de 1982 à 1984.

Affaibli par des problèmes cardiaques, Robert Dhéry se met en retrait du métier à la fin de la décennie 1980. Au cours des années 1980 et 1990, les films des Branquignols restent régulièrement diffusés à la télévision. La Belle Américaine bénéficie même d'une colorisation,. Les anciens spectacles paraissent également en vidéo, notamment la reprise de Branquignols de 1975 publiée en VHS à l'approche du cinquantenaire de la troupe. En 1997-98, au théâtre de la Michodière, une nouvelle génération de comédiens rend hommage à la troupe lors d'un spectacle revisitant le Branquignols original de 1948, mis en scène par Mathieu Mathelin, petit-fils de Dhéry et Brosset,,. Christian Marin, Pierre Tornade, Michel Serrault, Jacques Legras, Colette Brosset, Christiane Minazzoli, Micheline Dax, Pierre Tchernia et Gérard Calvi se retrouvent pour une photo avec la relève, une réunion à laquelle Dhéry n'a pas la santé pour participer. Par la suite, la notoriété de la troupe, pourtant très populaire dans les années 1950 et 1960, s'estompe avec le temps, à l'exception de rares hommages ou d'évocations de la carrière de ses plus illustres membres.

Influences et style

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Bertrand Dicale, biographe de Louis de Funès, parle pour les spectacles de « mélange de féerie et d'humour potache ». Jean-Luc Moreau, jeune recrue de la pièce En sourdine… les sardines ! en 1982, rapproche l'humour visuel de Dhéry des délires de Tex Avery en dessin animé, estimant qu'« au théâtre, Dhéry est celui qui est allé au plus près des audaces du dessinateur », malgré les limites physiques du medium.

Théâtre

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  • 1946 : Hôtel des neiges, première pièce réunissant la future troupe des Branquignols au Théâtre Agnès Capri. Pièce de Robert Boissy, mise en scène par Robert Dhéry, avec Agnès Capri, Colette Brosset, Christian Duvaleix, Pierre Destailles, Renaud-Marie et Claire Gérard.
  • 1948 : Les Branquignols, premier spectacle au théâtre La Bruyère : textes de Francis Blanche, musique de Gérard Calvi, avec Annette Poivre, Rosine Luguet, Pierrette Rossi, Micheline Dax, Raymond Bussières, Christian Duvaleix, Jean Carmet, Robert Dhéry et Colette Brosset .
  • 1951 : Du-Gu-Du, nouveau spectacle au Théâtre La Bruyère, texte d'André Frédérique, musique de Gérard Calvi, Michel Serrault et Jean Richard et Annie Girardot rejoignent la troupe.
  • 1952 : Bouboute et Sélection de Robert Dhéry, mise en scène Robert Dhéry, avec Robert Dhéry, Colette Brosset, Roger Saget, Albert Rémy, Pierre Mondy, Gérard Calvi, Louis de Funès, théâtre Vernet.
  • 1954 : Ah ! les Belles Bacchantes, spectacle des Branquignols, théâtre Daunou.
  • 1954 : Jupon vole de Robert Dhéry et Francis Blanche, mise en scène Robert Dhéry, théâtre des Variétés.
  • 1957 : Pommes à l'anglaise de Robert Dhéry, Colette Brosset, musique Gérard Calvi, théâtre de Paris.
  • 1965 : La Plume de ma tante de Robert Dhéry, Colette Brosset, musique Gérard Calvi, théâtre des Variétés.
  • 1971 : Vos gueules, les mouettes ! de et mise en scène Robert Dhéry, lyrics Françoise Dorin, musique Gérard Calvi, théâtre des Variétés.
  • 1973 : Les Branquignols, musique Gérard Calvi, mise en scène Robert Dhéry, théâtre La Bruyère. Cette version a été partiellement filmée en vidéo K7.

Cinéma

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  • 1949 : Branquignol, de Robert Dhéry. Ce premier film est d'emblée un succès avec 2 191 018 entrées.
  • 1954 : Ah ! les belles bacchantes, de Jean Loubignac. On y retrouve l'essentiel de la troupe et quelques-uns de leurs numéros les plus célèbres. Le film réussira à attirer 2 629 305 personnes dans les salles.
  • 1961 : La Belle Américaine, comédie de Robert Dhéry. Un ouvrier (Robert Dhéry) achète une magnifique voiture américaine. Ce film fut un gros succès et finira à la septième place du box-office français de l'année avec 3 500 866 entrées.
  • 1964 : Allez France !, comédie de Robert Dhéry. La veille de son mariage et à l'insu de sa fiancée, Henri assiste au match de rugby Angleterre-France à Twickenham. Ce film remporta un certain succès, avec 2 612 535 entrées, terminant quatorzième du box office en 1964.
  • 1965 : La Communale, film de Jean L'Hôte d'après son roman, avec Robert Dhéry, Yves Robert, Colette Brosset, Jacques Legras, Didier Haudepin, Jacques Dufilho, René-Louis Lafforgue, Tsilla Chelton, Pierre Palau, Fernand Ledoux…
  • 1967 : Le Petit Baigneur, de Robert Dhéry. Ce film réunissait les acteurs habituels des Branquignols (Robert Rollis, Robert Dhéry, Colette Brosset et Jacques Legras) avec la nouvelle vedette du box-office français et membre des Branquignols Louis de Funès, ainsi qu'un de ses habituels complices, Michel Galabru. Le film est un triomphe et termine quatrième du box-office français de 1968 avec 5 542 796 entrées.
  • 1974 : Vos gueules, les mouettes !, de Robert Dhéry. Le film fut un demi-succès, ne réunissant que 1 045 135 spectateurs.

Distinctions

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Récompenses

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  • Tony Awards 1959 : Special Tony Award décerné à l'ensemble de la distribution du spectacle La Plume de ma tante, joué au Royale Theatre de Broadway.
  • Festival international du film de Thessalonique 1962 : prix d'honneur pour La Belle Américaine, ex-æquo avec Divorce à l'italienne.

Notes et références

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Notes

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  1. Un journal titre au matin : « La Reine rend visite à La Plume de ma tante. Le cheval de « ma Tante » rend sa visite à la Reine ».

Références

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  • Définition et origine du mot « Branquignol ».

Annexes

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Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie

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  • Robert Dhéry et Caroline Alexander, Ma vie de Branquignol, Paris, Calmann-Lévy, coll. « Lignes de vie », , 257 p. (ISBN 2-7021-0258-1, lire en ligne).
  • Pierre Tchernia (préf. Olivier Barrot), Magic-Ciné, Hachette, coll. « Le Livre de poche », , 347 p. (ISBN 9782253109105, lire en ligne)
  • Sébastien Layerle (dir.) et Raphaëlle Moine (dir.), Voyez comme on chante ! Films musicaux et cinéphilies populaires en France (1945-1958), Presses Sorbonne Nouvelle, coll. « Théorème » (no 20), , 148 p. (ISBN 9782878546439).

Documentaire

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  • Les Branquignols, une histoire du cinéma français de Roxane Legrain-Courtois, émission Mardis du cinéma sur France Culture, [écouter en ligne].

Liens externes

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  • [vidéo] « Qui étaient les Branquignols ? — Archive INA », sur YouTube
  • Gilles Botineau, « Robert Dhéry, roi des Branquignols », sur CineComedies, .
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