Jacques Delille

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Jacques Delille
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Fonctions
Professeur
Collège de France
-
Fauteuil 23 de l'Académie française
-
Charles Marie de La Condamine
Vincent Campenon
Biographie
Naissance
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Clermont-Ferrandimage
Décès
image (à 74 ans)
Ancien 12e arrondissement de Paris
Sépulture
Cimetière du Père-Lachaise, tombe de l'abbé Delilleimage
Nationalité
françaiseimage
Formation
Collège de Lisieuximage
Activités
Linguiste, professeur, traducteur, poète, écrivainimage
Période d'activité
Autres informations
A travaillé pour
Collège de France (-)
Marie-Gabriel-Florent-Auguste de Choiseul-Gouffier
Collège de la Marcheimage
Membre de
Académie française (-)
Académie des sciences, belles-lettres et arts de Rouenimage
Mécènes
Marie-Antoinette, Charles X, Marie-Thérèse Rodet Geoffrinimage
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Vue de la sépulture.

Jacques Delille, souvent appelé l’abbé Delille, né le à Clermont-Ferrand et mort dans la nuit du 1er au à Paris, est un homme de lettres français, poète et traducteur.

Il connaît la gloire après avoir traduit les Géorgiques de Virgile en 1770, devient membre de l'Académie française et professeur au Collège de France en 1774. Pendant la Révolution française, plus ou moins rallié à la République, il part en exil après la chute de Robespierre (juillet 1794), jusqu'à son retour en France en 1802, sous le Consulat de Napoléon Bonaparte.

Il a porté le titre d'abbé en tant que titulaire, à partir de 1770, du bénéfice de l'abbaye Saint-Séverin à Château-Landon (actuelle Seine-et-Marne), mais n'a pas embrassé la carrière ecclésiastique et, ayant reçu les ordres mineurs, a obtenu une dispense pour se marier.

Biographie

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L'abbé Delille récitant La Conversation dans le salon de Madame Geoffrin.

Origines familiales et enfance en Auvergne (1738-1751)

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Enfant naturel, conçu dans un jardin d'Aigueperse (actuel Puy-de-Dôme), Jacques naît à Clermont-Ferrand chez un accoucheur habitant rue des Chaussetiers. Sa mère est Marie-Hiéronyme Bérard, qui appartient à la famille du chancelier Michel de l'Hospital.

Il est reconnu par Antoine Montanier, avocat au Parlement, de Clermont-Ferrand, qui meurt peu après en lui laissant une pension viagère de cent écus (300 livres). Sa mère, aussi discrète que belle[réf. nécessaire], lui transmet un pré, sis à Pontgibaud, ce qui lui permit d'adjoindre à son prénom le nom de famille Delille[pas clair]. Jusqu'à douze ou treize ans, il est placé chez une nourrice à Chanonat et reçoit ses premières leçons du curé du village.

Études à Paris et début de carrière (1751-1770)

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Envoyé à Paris (vers 1751), il fait de brillantes études au collège de Lisieux.

Il reçoit les ordres mineurs en 1762 à Amiens.

Il devient agrégé des belles-lettres[pas clair] en 1766, puis docteur ès lettres[pas clair] en 1770. Maître de quartier[pas clair] au collège de Beauvais, il est ensuite professeur, successivement au collège d'Amiens et au collège de la Marche à Paris. Il s'était déjà signalé par un remarquable talent de versificateur et une aptitude exceptionnelle à la poésie didactique.

La gloire après la traduction des Géorgiques (1770-1789)

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Sa gloire est assurée par sa traduction en vers des Géorgiques de Virgile, publiée en 1770. Louis Racine avait d'abord tenté de le dissuader de cette entreprise, qu'il jugeait téméraire, mais Delille avait persisté dans son dessein, et Louis Racine, convaincu par ses premiers essais, l'y avait encouragé.

Son poème est accueilli par un concert de louanges, troublé seulement par la voix discordante de Jean-Marie-Bernard Clément, de Dijon. Voltaire écrit à l'Académie française en  : « Rempli de la lecture des Géorgiques de M. Delille, , je sens tout le mérite de la difficulté si heureusement surmontée, et je pense qu'on ne pouvait faire plus d'honneur à Virgile et à la nation. Le poème des Saisons [de Jean-François de Saint-Lambert] et la traduction des Géorgiques me paraissent les deux meilleurs poèmes qui aient honoré la France après L'Art poétique de Nicolas Boileau. »

Delille est élu à l'Académie française en 1772, mais le maréchal de Richelieu intervient auprès de Louis XV pour faire annuler son élection au motif qu'il est trop jeune. Réélu en 1774, il est, cette fois, admis dans la compagnie, Jean-François de La Harpe ayant fait observer dans le Mercure de France qu'il était indigne qu'un talent aussi exceptionnel en soit réduit à dicter des thèmes latins à des écoliers. Il est aussi nommé à la chaire de poésie latine du Collège de France.

L'ascension de Delille s'accélère après la mort de Voltaire. Tant la cour que le monde des lettres reconnaissent unanimement la supériorité de son talent. Il est le protégé à la fois de Mme Geoffrin, de la reine Marie-Antoinette et du comte d'Artois, qui lui fait attribuer le bénéfice de l'abbaye de Saint-Séverin, qui rapporte 30 000 livres par an et n'exige que les ordres mineurs.

En 1782, la publication du poème Les Jardins, sans doute l'œuvre la plus célèbre de Delille, est suivie d'un nouveau triomphe, amplifié par le talent avec lequel l'auteur lit ses vers à l'Académie, au Collège de France ou dans les salons.

Le comte de Choiseul-Gouffier parvient néanmoins à le persuader de le suivre dans son ambassade à Constantinople.

En 1786, il se met en ménage avec sa gouvernante, Marie-Jeanne Vaudechamps.

Période de la Révolution et de l'Empire

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Dans la France révolutionnaire (1789-1794)

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La Révolution française lui fait perdre le bénéfice qui est sa seule source de revenus.

Delille est inquiété après l'avènement de la République (septembre 1792), notamment pendant la Terreur, mais il conserve la liberté, sacrifiant aux idées de l'heure en composant, à la demande de Pierre-Gaspard Chaumette, membre important de la Commune de Paris, un Dithyrambe sur l'Être suprême et l'immortalité de l'âme, idées promues par Robespierre en 1794. .

Exil (1794-1802)

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Après la chute de Robespierre (27 juillet 1794/9 thermidor an II), il quitte Paris pour Saint-Dié, pays de son épouse, puis quitte la France, au moment où d'autres y rentrent[pas clair], et séjourne successivement en Suisse, en Allemagne et en Angleterre.

En 1799, il épouse sa compagne, moyennant une dispense pontificale.

Durant cette période, il travaille énormément poussé par sa femme, qui a pris beaucoup d'ascendant sur lui[réf. nécessaire] : il compose L'Homme des champs et entreprend Les Trois règnes de la nature en Suisse, compose La Pitié en Allemagne et traduit Paradise Lost (Le Paradis perdu) de John Milton à Londres.

Dans la France de Napoléon (1802-1813)

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Rentré en France en 1802, il retrouve sa chaire au Collège de France et son fauteuil à l'Académie.

Victor Hugo cite Delille parmi les rares personnalités qui ne se sont pas agenouillés devant Napoléon, Premier Consul, puis Empereur des Français (1804).

Il effectue de longs séjours dans la maison de plaisance du baron Micoud d'Umons à Clamart, où il aurait écrit en 1808 Les Trois Règnes de la Nature.

À la fin de sa vie, il devient aveugle, comme Homère, et cette infirmité ajoute encore à l'admiration proche de l'idolâtrie qui lui est vouée.

Mort et funérailles

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Il meurt d'une attaque d'apoplexie dans la nuit du 1er au .

Son corps est exposé pendant trois jours sur un lit de parade au Collège de France, le front ceint d'une couronne de laurier.

Considéré comme le plus grand poète français, il reçoit des funérailles grandioses, suivies par une foule immense. Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise (11e division).

Œuvre

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Poésie

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  • Les Jardins ou l'art d'embellir les paysages , poème en 8 chants, 1782
  • Bagatelles jetées au vent, 1799
  • L'Homme des champs, ou les Géorgiques françaises, 1800
  • Dithyrambe sur l'immortalité de l'âme, 1802
  • Poésies fugitives, 1802
  • La Pitié, poème en 4 chants, 1803
  • L'Imagination, poème en 8 chants, 1806.
  • Les Trois Règnes de la nature, 1808 (A Paris chez Nicolle et chez Giguet et Michaud) .
  • La Conversation, poème, 1812.

Traductions

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  • L'Essai sur l'homme de Alexander Pope, 1765.
  • Les Géorgiques de Virgile, 1770.
  • L'Énéide de Virgile, 1804 (On y trouve le vers gravé au fronton des catacombes de Paris : « Arrête ! C'est ici l'empire de la mort. »
  • Le Paradis perdu de John Milton, 1805.
  • Les Bucoliques de Virgile, 1806, réédité par Philippe Gonin, Paris, 1951, édition enrichie de bois gravés par Lucile Passavant (200 exemplaires).

Ses œuvres complètes ont été publiées de 1817 à 1821 par Joseph-François Michaud, puis rééditées par Lefèvre en 1833, avec des notes de Choiseul-Gouffier, Parseval-Grandmaison, Charles-Marie de Féletz, Descuret, Aimé-Martin, Barthélemy Philibert d'Andrezel, Elzéar de Sabran (écrivain), Louis-Simon Auger, etc.

Notes et références

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  1. Le lieu de sa naissance a été remis en cause : certains biographes ont voulu le font naître à Sardon ou à La Canière, d'autres à Pontgibaud, à Aigueperse (Puy-de-Dôme) (où résidaient ses parents), mais enfin Clermont-Ferrand est le plus probable, rue des Chaussetiers ou rue de l'Écu (aujourd'hui avenue des États-Unis). Il est baptisé le 22 juin 1738 à Clermont-Ferrand, paroisse Notre-Dame du Port, comme l'atteste l'acte de baptême conservé aux archives départementales du Puy-de-Dôme.
  2. a et b« Les professeurs des facultés des lettres et des sciences en France au XIXe siècle (1808-1880) », sur facultes19.ish-lyon.cnrs.fr (consulté le ).
  3. « Discours de réception de Victor Hugo | Académie française », sur www.academie-francaise.fr, (consulté le )
  4. Communément appelée « la maison de l'abbé Delille », cette maison classée à l'Inventaire des Monuments historiques a été acquise en 2005 par Philippe Kaltenbach, maire de Clamart, ce qui a provoqué une polémique et un litige avec un promoteur immobilier qui avait, de son côté, acquis une partie du terrain et s'était ensuite vu refuser le permis de construire par les Monuments Historiques.

Voir aussi

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Bibliographie

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  • Jean-Rémi Mantion, « Le prophétisme des fleurs. Éléments pour une lecture des Trois règnes de la Nature de Jacques Delille (1808) » in Les Éléments et les Métamorphoses de la Nature, William Blake & Co./ART & ARTS, Bordeaux, 2004.
  • Jean-Rémi Mantion, « Ces arbres qu'on abat… » Jacques Delille et l'« archéologie » du souci écologique, Cahiers Roucher-André Chénier, no 10-11, 1991.
  • « Jacques Delille », Sparsae, no 19,‎
  • Édouard Guitton, Jacques Delille (1738-1813) et le poème de la nature en France de 1750 à 1820, Paris, Klincksieck (Publications de l'Université de Haute-Bretagne), 1974.
  • Delille est-il mort ? (ouvrage collectif publié à l'occasion du 150e anniversaire de la mort de Delille), Clermont-Ferrand, G. de Bussac, coll. « Écrivains d'Auvergne », , 309 p.
  • Adolphe Van Bever, Les Poètes du terroir : du XVe siècle au XXe siècle, textes choisis., vol. I : Alsace, Anjou, Auvergne, Béarn, Berry, Bourbonnais, Bourgogne, Bretagne, Champagne, Paris, C. Delagrave, , XV-575 p. (lire sur Wikisource), p. 94
  • Catherine Woillez, Notice et biographique et littéraire sur J. Delille, Paris, Firmin-Didot frères, (lire sur Wikisource)

Liens externes

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  • Harvard University Herbaria & Libraries
  • Isidore
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