François Tanguy-Prigent

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Tanguy François Marie Prigent, dit Tanguy-Prigent, né le à Saint-Jean-du-Doigt (Finistère) et mort le à Morlaix (Finistère), est un homme politique socialiste et résistant français.

François Tanguy-Prigent
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François Tanguy-Prigent, député SFIO du Finistère, en 1936.
Fonctions
Ministre de l'Agriculture

(3 ans, 1 mois et 18 jours)
Gouvernement De Gaulle I et II
Gouin
Bidault I
Blum III
Ramadier I
Prédécesseur Jean Lefèvre
Successeur Marcel Roclore
Député français

(4 ans, 3 mois et 27 jours)
Élection 25 novembre 1962
Circonscription 4e du Finistère
Législature IIe (Cinquième République)
Groupe politique NI
Prédécesseur Jean Le Duc
Successeur Roger Prat

(13 ans et 29 jours)
Élection 21 octobre 1945
Réélection 10 novembre 1946
17 juin 1951
2 janvier 1956
Circonscription Finistère
Législature Ire Constituante
IIe Constituante
Ire, IIe et IIIe (Quatrième République)
Groupe politique SOC

(5 ans, 11 mois et 30 jours)
Élection 3 mai 1936
Circonscription Finistère
Législature XVIe (Troisième République)
Groupe politique SOC
Prédécesseur Pierre Mazé
Successeur Circonscription supprimée
Conseiller général du Finistère

(25 ans)
Circonscription Canton de Lanmeur

(5 ans)
Circonscription Canton de Lanmeur
Ministre des Anciens Combattants et des Victimes de guerre

(1 an, 4 mois et 12 jours)
Président René Coty
Président du Conseil Guy Mollet
Gouvernement Mollet
Prédécesseur Vincent Badie
Successeur André Dulin
Biographie
Nom de naissance Tanguy François Marie Prigent
Date de naissance
Lieu de naissance Saint-Jean-du-Doigt
Date de décès (à 60 ans)
Lieu de décès Morlaix
Nationalité Française
Parti politique SFIO
PSU
Profession Agriculteur
Résidence Finistère

Biographie

Avant la Seconde Guerre mondiale

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L'élection de François Tanguy-Prigent comme conseiller général du canton de Lanmeur (journal Le Populaire du ).

François Tanguy-Prigent est issu d'une famille de petits propriétaires paysans. Après l'école primaire, il travaille à la ferme de ses parents et se syndique dès l'âge de 16 ans au sein de la Fédération paysanne. Il devient rapidement l'un des dirigeants de cette organisation, affiliée à la Confédération nationale paysanne (CNP).

Il s'engage également très jeune en politique, puisque dès l'âge de 18 ans, il devient secrétaire de la section locale des jeunes socialistes, qui dépendait de la SFIO. Dès le milieu de la décennie 1930, il devient conseiller général du Finistère (canton de Lanmeur) en octobre 1934 et maire de sa commune d'origine, Saint-Jean-du-Doigt, en mai 1935. Il anime aussi la « Coopérative agricole de Défense Paysanne » dont il fut le fondateur, et lutte dans les campagnes contre les Chemises vertes fascisantes d’Henri Dorgères.

En mai 1936, il est élu député à la Chambre des députés, lors des élections qui ont porté le Front populaire au pouvoir. À cette occasion, il bat de manière totalement inattendue un notable local, candidat sortant dans son fief familial, et devient ainsi le plus jeune député de France. Il fait alors partie des quinze députés élus en Bretagne signataires d'un « programme du Front Breton », qui vise alors à créer un groupe parlementaire breton à l'Assemblée nationale, et à défendre des lois en faveur de la régionalisation des institutions ou en faveur de l'enseignement de la langue bretonne.

Pendant la Seconde Guerre mondiale

Il est mobilisé en 1939 lors de la déclaration de guerre comme sous-lieutenant de dragons portés. Affecté à la défense antiaérienne de la région parisienne pendant la drôle de guerre, il demande à être envoyé au front après le déclenchement de l'offensive allemande et combat en juin 1940 avec le 31e régiment de dragons portés. Au moment de l'armistice du 22 juin 1940, il est partisan de l'arrêt des combats inutiles mais le Tanguy-Prigent est l'un des quatre-vingts parlementaires qui refusent les pleins pouvoirs à Pétain. Tanguy-Prigent fut de ceux qui votèrent en uniforme[réf. nécessaire].

De retour à Saint-Jean-du-Doigt, il est arrêté en septembre 1940 par les Allemands mais rapidement relâché. François Tanguy-Prigent crée dès la fin de l'année 1940 dans le Nord du Finistère le Bulletin bimensuel de la Coopérative de Défense paysanne de Morlaix, qui critique la politique menée par la Corporation paysanne ; cette coopérative regroupe 4 390 adhérents en 1942 et diffuse à partir de 1941 son Bulletin dans 18 départements, toléré un temps par le régime avant d'être interdit, mais son action a jeté les bases d'un syndicat agricole clandestin, la Confédération générale de l'agriculture (CGA).

Le régime de Vichy l'identifie comme un opposant à la Révolution nationale mais n'ose pas le révoquer de son mandat de maire par crainte de sa popularité locale. Tanguy-Prigent en profite pour reprendre contact à partir de novembre 1940 avec les cadres du parti SFIO qui est en train de se reconstituer clandestinement en région parisienne. À partir de 1941, François Tanguy-Prigent rejoint le mouvement Libération-Nord. Dans la clandestinité, François Tanguy-Prigent devient « Jacques Le Ru » (soit « Jacques Le Rouge ») ou « Pascal ». Révoqué par le régime de Vichy de son mandat de maire en janvier 1943 et arrêté brièvement une seconde fois par les Allemands, il entre totalement en clandestinité à l'été 1943. Il organise un maquis dans le Nord du Finistère, utilisant sa bonne connaissance du monde rural local pour lutter contre l'Occupant et le régime de Vichy. Il crée au début de l'année 1944 un journal clandestin nommé La Résistance paysanne et participe aux combats de la Libération à la tête de 200 FFI et de troupes françaises parachutées d'Angleterre.

Après la Seconde Guerre mondiale

Le , François Tanguy-Prigent devient ministre de l'Agriculture (c'est par la radio qu'il apprend qu'il a été nommé à ce poste par le général de Gaulle). Il conserve cette fonction jusqu'au .

Il entreprend alors la modernisation de l'agriculture française. Dès le , il supprime la Corporation paysanne, organisme corporatiste créé en 1940 par le régime de Vichy. Il aide aussi au développement des syndicats, coopératives et foyers ruraux, dans un but d'accompagnement culturel de la reconstruction et d'émancipation des campagnes de la tutelle religieuse sous laquelle elles se trouvaient alors[pas clair]. Il participe activement à la fondation de la Fédération Nationale des Foyers Ruraux (FNFR), en 1946, qui deviendra rapidement un des grands mouvements d'éducation populaire.

Il est aussi à l'origine de la création du statut du fermage et du métayage (loi du ). Ce statut, très protecteur des droits des paysans vis-à-vis de leurs propriétaires, est encore en vigueur aujourd'hui.

François Tanguy-Prigent est élu aux deux assemblées nationales constituantes de 1945 et 1946, puis comme député du Finistère jusqu'en 1958, toujours en tant que socialiste SFIO.

En 1951, il est vice-président du Comité d'étude et de liaison des intérêts bretons (CELIB), avec Paul Ihuel et André Morice, le président étant René Pleven. En 1957, il en préside la Commission parlementaire. Il est alors également membre de la Fondation culturelle bretonne.

Opposé au retour de Charles de Gaulle en 1958, il quitte la SFIO en octobre 1959 et milite au Parti socialiste autonome (PSA) puis au Parti socialiste unifié (PSU), qu'il représente à l'Assemblée nationale de 1962 à 1967 (il siège avec les non-inscrits).

Il fut également conseiller général du Finistère et directeur de journal.

Fonctions gouvernementales

  • Ministre de l'Agriculture du gouvernement Charles de Gaulle (1) (du 4 septembre 1944 au 21 novembre 1945)
  • Ministre de l'Agriculture et Ravitaillement du gouvernement Charles de Gaulle (2) (du 21 novembre 1945 au 26 janvier 1946)
  • Ministre de l’Agriculture du gouvernement Félix Gouin (du 26 janvier au 24 juin 1946)
  • Ministre de l'Agriculture du gouvernement Georges Bidault (1) (du 24 juin au 16 décembre 1946)
  • Ministre de l'Agriculture du gouvernement Léon Blum (3) (du 16 décembre 1946 au 22 janvier 1946)
  • Ministre de l'Agriculture du gouvernement Paul Ramadier (du 22 janvier au 22 octobre 1947)
  • Ministre des Anciens Combattants et des Victimes de guerre du gouvernement Guy Mollet (du 1er février 1956 au 13 juin 1957)

Hommage

François Tanguy-Prigent a donné son nom à trois établissements scolaires de Bretagne :

  • Le collège public de Saint-Martin-des-Champs ;
  • L'école publique de Santec ;
  • Une école privée de Lorient.
  • Le CFPPA de Kernilien à Plouisy porte également son nom.

Beaucoup de rues et places portent son nom partout en Bretagne, de Brest (Finistère), avec le boulevard Tanguy Prigent qui fait partie de sa rocade, à Rennes (Ille-et-Vilaine), Saint-Avé (Morbihan), Lannion (Côte d'Armor), Saint-Pol-de-Léon (Finistère) et Guilers (Finistère) entre autres. La place Tanguy-Prigent est la place principale de Lanmeur (Finistère)

Décoration

  • image Commandeur de l'ordre du Mérite combattant, ex officio en tant que ministre des Anciens combattants et victimes de guerre (1956)

Notes et références

  1. « Acte de naissance ».
  2. a b et c« TANGUY-PRIGENT François, [PRIGENT François, Tanguy dit]. Pseudonymes dans la clandestinité : LE RU Jacques et PASCAL – Maitron » (consulté le )
  3. Assemblée nationale, « Biographies », sur www2.assemblee-nationale.fr (consulté le ).
  4. Journal Le Télégramme de Brest et de l'Ouest no 1 du 18 septembre 1944.
  5. Alain Déniel, Le Mouvement breton (1919-1945), Paris, Maspero, , 451 p. (ISBN 978-2-7071-0826-5, lire en ligne), p. 185.
  6. a b c d et eBougeard 2002, p. 99-124.
  7. a et b"Résistance et monde rural", 2e partie, "La Résistance en action dans le monde rural", consultable http://www.fmd.asso.fr/updir/70/concours_partie_2.pdf.
  8. a et bBougeard 2002, p. 125-146.
  9. « 1991.6.4. Journée de la langue bretonne - 30 mai 1957 Musée départemental breton », sur musee-breton.finistere.fr (consulté le ).
  10. Art. 11 du décret n°53-829 du 14 septembre 1953 instituant un ordre du Mérite combattant, (lire en ligne).

Bibliographie

  • Alya Aglan (préf. Jean-Pierre Azéma), La résistance sacrifiée : le mouvement Libération-Nord, Paris, Flammarion, coll. « Histoire, cultures et sociétés », , 455 p. (ISBN 2-08-067697-0, présentation en ligne).
    Réédition : Alya Aglan (préf. Jean-Pierre Azéma), La résistance sacrifiée : histoire du mouvement Libération-Nord, Paris, Flammarion, coll. « Champs » (no 705), , 455 p., poche (ISBN 2-08-080151-1, présentation en ligne).
  • Pierre Barral, Les Agrariens français, de Méline à Pisani, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1968.
  • Christian Bougeard, Tanguy Prigent, paysan ministre, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », , 363 p. (ISBN 978-2-86847-697-5, DOI 10.4000/books.pur.22642, présentation en ligne, lire en ligne).
  • Édouard Lynch, « Les socialistes et l'action agricole à la Libération : espoirs et désillusions », dans Serge Berstein, Frédéric Cépède, Gilles Morin et Antoine Prost (dir.), Le Parti socialiste entre Résistance et République, Paris, Publications de la Sorbonne, coll. « Série science politique » (no 2), , 357 p. (ISBN 2-85944-409-2), p. 139-156.
  • Maitron Jean et Pennetier Claude (sous la direction de), Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, Paris, éditions de l’Atelier, 1964-1995.
  • Mireille Prigent, Tanguy Prigent, éd. Club socialiste, 1982.
  • « François Tanguy-Prigent », dans le Dictionnaire des parlementaires français (1889-1940), sous la direction de Jean Jolly, PUF, 1960 [détail de l’édition]

Liens externes

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