Basilique Saint-Pierre-aux-Liens

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La basilique Saint-Pierre-aux-Liens (en italien San Pietro in Vincoli) est une basilique mineure de Rome située dans le rione de Monti, connue pour abriter la version définitive du tombeau de Jules II par Michel-Ange, avec la statue de Moïse.

Basilique Saint-Pierre-aux-Liens
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Façade.
Présentation
Nom local Basilica di San Pietro in Vincoli
Culte Catholique
Type Église paroissiale
Rattachement Diocèse de Rome
Début de la construction Ve siècle
Fin des travaux XVe siècle
Site web www.lateranensi.org/sanpietroinvincoliimage
Géographie
Pays image Italie
Région Latium
Ville Rome
Coordonnées 41° 53′ 38″ nord, 12° 29′ 35″ est

Carte

Histoire

La basilique Saint-Pierre-aux-Liens, aussi connue sous le nom de « basilique Eudoxienne », a été construite entre 432 et 440 sur des fondations datant de la république romaine, afin d'abriter les chaînes ayant servi à enchaîner saint Pierre lors de son emprisonnement à Jérusalem, vénérées comme reliques (épisode de la libération de saint Pierre racontée dans Ac 12,7).

Selon la tradition, ces reliques furent envoyées à Rome à l'impératrice Licinia Eudoxia (épouse de l'empereur Valentinien III) par sa mère Eudocie qui les avait reçues en cadeau de l'évêque de Jérusalem Juvénal vers 439.

Selon la légende, Eudoxia les présenta au pape Léon Ier, lequel compara ces chaînes à celles ayant servi à son emprisonnement final dans la prison Mamertine à Rome. Lorsque l'impératrice rapprocha les deux chaînes, celles-ci se soudèrent miraculeusement.

La tradition a ainsi harmonisé les deux récits des chaînes de Jérusalem et des chaînes de Rome. Les papes envoyaient en cadeau diplomatique des anneaux des chaînes, un peu de leur limure de fer (reliques enchâssée dans une clef d’or ou d’argent), puis des morceaux de bandes de linge les ayant touchées (reliques de contact).

Depuis, celles-ci sont conservées dans un reliquaire en dessous de l'autel principal de la sacristie.

La basilique a subi plusieurs restaurations (dont une sous Adrien Ier, une autre en 1875) et reconstructions (sous Sixte IV et Jules II). Ajouté en 1475, le portique d'entrée à cinq arcades soutenues par des colonnes octogonales est attribué par Vasari à Baccio Pontelli. Le cloître (1493 - 1503) serait de Giuliano da Sangallo.

Description

Structure du bâtiment

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Plan de la basilique. Le nord est à gauche.

La basilique présente un plan basilical à trois nefs divisées par des colonnes et une abside décentrée, construite à partir de l'abside du bâtiment romain préexistant. Le cloître et le portique ont été ajoutés au XVIe siècle.

Extérieur

La façade, entourée d'un portique, donne sur la place Saint-Pierre-aux-Liens. L'extérieur de l'abside est visible depuis la Via Delle Sette Sale. L'abside et les murs extérieurs appartiennent à la structure d'origine du Ve siècle ; la façade et le portique datent des rénovations de Sixte IV et Jules II.

Le portique, construit selon un projet de Baccio Pontelli, est composé de cinq arcs soutenus par six colonnes octogonales. Il est fermé par une porte de bronze qui porte les armoiries de Jules II sur ses chapiteaux.

Le portail extérieur en marbre date du Ve siècle ; l'intérieur a été modifié au XVIe siècle.

Intérieur

L'intérieur à trois nefs comporte trois absides divisées par d'antiques colonnes doriques. Les allées sont surmontées par un recoupement des voûtes, tandis que le plafond de la nef, de Francesco Fontana, a été décoré par Giovanni Battista Parodi de fresques représentant le Miracle des chaînes (1706).

Nef centrale

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Intérieur de la basilique.

La nef centrale est séparée des bas-côtés par vingt colonnes doriques originales en marbre de l'Hymette, sans doute grecques, car il n'existe pas de colonnes romaines de ce type : elles proviennent probablement du portique de Livie voisin. Les bases des colonnes sont une reconstruction du Ve siècle.

La voûte est en berceau, couverte de caissons réalisés par Francesco Fontana en 1706. À sa base, la poutre de la chaîne centrale, qui date des rénovations de 1465, réalisée aux frais du cardinal Cusano, est visible, divisée en deux parties. Au centre du plafond se trouve une imposante fresque peinte en 1706 par Giovanni Battista Parodi, représentant un événement survenu en 969 : on y voit un comte de la suite de l'empereur Otton Ier de Saxe libéré du diable en touchant les chaînes de saint Pierre.

Le sol, de construction récente, a été démonté en 1956 pour permettre des fouilles sous la basilique.

Immédiatement à gauche du portail d'entrée, sur le premier pilier de gauche, se trouve le tombeau des peintres florentins Antonio et Piero Pollaiuolo. Les sculptures représentant leurs deux portraits, réalisées entre 1498 et 1510 par Luigi Capponi, sont surmontées de la figure du Christ bénissant. Au-dessus du monument, partiellement masquée par celui-ci, se trouve la fresque de la Procession propitiatoire de Sixte IV pour la fin de la peste, de 1476, attribuée à Antoniazzo Romano.

À gauche du portail d'entrée, dans une niche creusée dans le plâtre de la contre-façade, se trouve un visage du Christ, appartenant probablement aux fresques originales de la basilique du Ve siècle.

Allées latérales

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Tombeau du cardinal Nicolas de Cues.

Placé sur le mur d'enceinte au début de la nef gauche, se trouve le tombeau du cardinal Nicolas de Cues, sculpté en 1465 par Andrea Bregno, immédiatement à droite de la pierre tombale qui se trouvait auparavant au sol. La sculpture représente le cardinal vénérant saint Pierre, avec l'ange libérateur à droite. Sous la sculpture se trouve le cancer, symbole héraldique du cardinal (son nom en allemand étant Nikolaus Krebs ou Kryffs). Le premier autel de la nef elle-même est surmonté de la Déposition du Christ, peinte par Cristoforo Roncalli, dit Pomarancio (attribution), au début du XVIIe siècle. L'icône en mosaïque de saint Sébastien est insérée dans le troisième autel de la nef gauche : c'est la seule représentation du saint âgé et barbu, représenté en tribun romain, mais vêtu à la manière byzantine. Comme l'indique la plaque à côté de l'autel, il a été construit comme offrande votive pour conjurer la peste qui a frappé Rome de juin à septembre 680. L'icône et l'autel, auparavant situés sur le mur gauche de la contre-façade, ont été mis à leur emplacement actuel en 1683. Dans la partie supérieure du retable, au-dessus de l'icône, se trouve une ancienne peinture de la Vierge à l'Enfant.

Adossé au pilier de la contre-façade droite se trouve l'autel dédié à saint Pierre Fourier. Au-dessus du premier autel, dans la même nef latérale, se trouve un tableau du Guerchin représentant saint Augustin (1621-1623 ). Le tableau de Domenico Zampieri, dit Le Dominiquin, La Libération de Pierre, de 1602 , est exposé à l'intérieur de la nouvelle sacristie ; sur le troisième autel de la nef droite se trouve une copie réalisée par Pietro Santi Bartoli en 1683, aux dimensions différentes, probablement pour l'adapter à la forme de l'autel.

Capocroce : chœur et absides

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Ciboire et fresques de l'abside.

Le presbytère tel qu'il apparaît aujourd'hui a été conçu par Virginio Vespignani et construit entre 1876 et 1877. Du précédent, il ne reste que l'autel central, construit lors de la rénovation de 1465 commandée par le cardinal Cusano.

La structure comprend l'autel, surmonté d'un grand ciborium néoclassique du XIXe siècle , conçu par Vespignani, et précédé d'un confessionnal, auquel on accède par deux rampes latérales et qui mène à la crypte. Deux escaliers en marbre mènent à l'autel central et à l'abside.

Reliquaire des chaînes, crypte

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Le reliquaire des chaînes de saint Pierre.

L'autel en marbre abrite un reliquaire central, fermé par deux portes en bronze doré (1477), œuvre de seraient dues à Antonio Pollaiuolo — mais des études récentes les attribuent à Caradosso dit Caradosso —, qui contient l'urne des chaînes créée en 1856 par Andrea Busiri Vici. Sur les côtés du reliquaire se trouvent deux statues : saint Pierre à gauche et l'Ange Libérateur à droite.

Les chaînes de saint Pierre sont faites de deux éléments réunis en ce lieu : celles de la prison romaine, composées de vingt-trois maillons terminés par un collier, et celles de Jérusalem, composées de onze maillons plus petits. Ces chaînes sont exposées traditionnellement à la vénération, le 1er août (Fête de saint Pierre-aux-liens) jour de la fête, et « pendant toute l’octave, ensuite le cinquième jour dans l’octave de la fête de saint Pierre et saint Paul, et le premier lundi de Carême ».

Le confessionnal qui encadre le reliquaire est entouré d'une balustrade en marbre ornée de quatre petites statues d'anges noirs, finement ouvragées. Deux petites rampes mènent à un petit autel placé devant l'urne des chaînes. De chaque côté s'ouvrent les entrées de la crypte, protégées par des grilles.

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Sarcophage contenant les reliques des sept fils Maccabées.

La crypte, un petit espace sous l'autel central, aurait été, selon la tradition, la première prison de Saint-Pierre à Rome, avant son transfert à la prison Mamertine. À l'intérieur de la crypte est conservé le sarcophage des Sept Frères Maccabées, des Juifs martyrisés au IIe siècle av. J.-C., également vénérés par les chrétiens et d'autres religions orientales. Le sarcophage, probablement apporté à Rome d'Antioche par le pape Pélage II, a été découvert en 1876 lors de travaux de rénovation du presbytère. Il est divisé en sept compartiments contenant des restes humains et scellé par des sceaux qui attestent de son authenticité. Cinq scènes y sont gravées : la Résurrection de Lazare, la Multiplication des pains et des poissons, la Samaritaine, l'annonce du reniement de Jésus à Pierre et la Remise de la Loi. Au-dessus du sarcophage, une fresque de Silverio Capparoni, réalisée en 1876-1877, montre le martyre des frères Maccabées, leur mère implorant le salut pour son plus jeune fils. La crypte, entièrement décorée de fresques florales, date de la même époque.

Abside et maître-autel

Le maître-autel est surmonté d'un grand ciborium en bois doré, soutenu par quatre colonnes de granite à chapiteaux baroques.

L'abside a été décorée en 1577 de fresques de Jacopo Coppi. Dans l'abside sont représentées des scènes de la Re-Crucifixion de Beyrouth, qui a eu lieu au VIIe siècle : l'image du Christ crucifié a saigné en guise de honte. Le mur est couvert de trois grandes fresques : à gauche, la Libération de Pierre de la prison de Jérusalem par l'ange ; au centre, Eudocie recevant les chaînes de Juvénal ; à droite, Eudocie montrant les chaînes au pape.

Sur les côtés de l'abside principale, deux petites absides donnent sur le transept : celle de gauche, du XIXe siècle, est caractérisée par le tableau de l'Immaculée Conception de Giuseppe Bravi, placé au-dessus de l'autel ; celle de droite, autrefois propriété des comtes Silvestri, est caractérisée par le retable de Guercino, sainte Marguerite d'Antioche (1644).

Le tombeau de Jules II et le Moïse de Michel-Ange

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Le tombeau de Jules II.

Dans le transept droit se trouve le mausolée destiné à accueillir le tombeau du pape Jules II. Commandé à Michel-Ange en 1505, sa construction fut interrompue à plusieurs reprises et s'acheva en 1545, trente-deux ans après la mort de Jules II. Le plan initial prévoyait des dimensions bien plus importantes et prévoyait un agrandissement de la basilique pour l'accueillir. Plus de quarante statues étaient prévues pour former une chambre funéraire pour le pape. La version finale, après la sixième modification du projet, comprenait sept statues, dont le célèbre Moïse de Michel-Ange.

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Statue de Moïse, par Michel-Ange.

Le Moïse est considéré comme l'une des plus grandes œuvres de la sculpture de la Renaissance. Haute de 2,35 m, elle occupe la place centrale du mausolée. Selon une théorie récente, fondée sur un document retrouvé par le restaurateur italien Antonio Forcellino (it), la statue, initialement orientée de face, fut modifiée par Michel-Ange vingt-cinq ans après son achèvement, apparemment pour tourner son regard vers les fidèles. Le prophète est représenté avec des cornes, en raison de la similitude en hébreu des mots qâran, « faisceaux de lumière » et qèrèn, « cornes » (Exode, 34, 29), conduisant à représenter comme des cornes ce qui désignait plus probablement des rayons de lumière.

Le sarcophage qui devait contenir le corps de Jules II est placé au-dessus du Moïse. Au-dessus du couvercle se trouve une grande statue représentant le pape allongé sur le côté. Des études récentes attribuent cette œuvre à Michel-Ange.

Rachel (Vie contemplative) se tient à droite de Moïse, tandis que Léa (Vie active) est à gauche. Toutes deux furent exécutées par Michel-Ange et achevées par Raffaele Sinibaldi, dit Raffaello da Montelupo. La « Sibylle », à droite de la statue de Jules II, et le « Prophète », à gauche, sont des œuvres de Raphaël da Montelupo. La « Vierge à l'Enfant », placée en haut au centre, est l'œuvre de Domenico Fancelli dit Scherano da Settignano.

Autres œuvres

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Le tombeau du cardinal Aldobrandini.
  • Deux toiles du Guerchin : Saint Augustin et Sainte Marguerite.
  • Une fresque représentant la Libération de saint Pierre (1604), dans la sacristie.
  • Le retable de la première chapelle à gauche est de Pomarance.
  • Le monument funéraire du cardinal Girolamo Agucchi conçu par Le Dominiquin.
  • Le tombeau du cardinal Nicolas de Cuse est de Andrea Bregno (1464).
  • Le tombeau du cardinal Cinzio Aldobrandini, neveu de Clément VIII.

Les peintres et sculpteurs Antonio et Piero Pollaiuolo reposent dans cette église.

Notes et références

  1. . Selon une tradition chrétienne légendaire, ces fondations correspondent à un oratoire conservant les chaînes de Pierre, détenu dans la prison Mamertine, ces reliques étant trouvées en 126 par sainte Balbine et données à Théodora, sœur d'Hermès (préfet de Rome) et pieuse romaine convertie au christianisme. Théodora construit ce sanctuaire en 109. Source : Mencacci 1877, p. 18.
  2. (it) Roberta Bernabei, Chiese di Roma, Electa, , p. 242
  3. Grégoire le Grand, Épître VI du livre V.
  4. (en) S. G. A. Luff, The Christian's Guide to Rome, Fordham University Press, , p. 201
  5. Mencacci 1877, p. 25.
  6. Mencacci 1877, p. 33.
  7. Alessandro Nesi, Jacopo e Piero Coppi. Aggiunte e aperture, Maniera, Firenze, 2017, p. 2.

Sources

  • Paul Mencacci, Les chaînes de saint Pierre, Imprimerie Armanni, , 96 p. (lire en ligne)

Voir aussi

Articles connexes

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  • Liste des basiliques de Rome
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  • Église Saint-Pierre-ès-Liens image

Liens externes

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