Ancien Régime

La formule Ancien Régime est un chrononyme employé par l'historiographie française pour désigner la période de l'histoire de France qui correspond au règne de la maison de Bourbon, de l'avènement d'Henri IV en 1589 jusqu'au début de la Révolution française en 1789. Cette période, qui fait partie de l'Époque moderne (1492-1789), marque le passage du royaume du système féodal au pouvoir absolu des rois de France.

Royaume de France
Ancien Régime

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(199 ans, 9 mois et 3 jours)


Pavillon personnel du roi
sous l'Ancien Régime

Armoiries des rois
de France et de Navarre
Le royaume de France à la veille de la Révolution, en 1789.
Informations générales
Statut Monarchie absolue
Texte fondamental Lois fondamentales du royaume de France
Capitale Paris
Langue(s) Français
Monnaie Livre française
Histoire et événements
Assassinat d'Henri III et accession au trône de France d'Henri IV : installation de la maison de Bourbon.
Par l'édit de Nantes, Henri IV met fin aux guerres de Religion et accorde la liberté de culte aux protestants.
Assassinat d'Henri IV : Louis XIII lui succède sous la régence de Marie de Médicis.
Mort du cardinal Mazarin et début du « règne personnel » de Louis XIV, qui institue une monarchie absolue.
Mort de Louis XIV : début de la Régence du duc d'Orléans au profit de Louis XV.
Ouverture des États généraux convoqués par Louis XVI : début conventionnel de la Révolution française.
Roi
1589-1610 Henri IV
1610-1643 Louis XIII
1643-1715 Louis XIV
1715-1774 Louis XV
1774-1792 Louis XVI

La notion d'« Ancien Régime », popularisée par Alexis de Tocqueville dans L'Ancien Régime et la Révolution (1856), puis adoptée par les historiens du XIXe siècle, s'oppose au « Nouveau Régime » instauré par l'Assemblée nationale constituante à partir de juillet 1789, notamment le système de la monarchie constitutionnelle (1789-1792). Contrairement à une idée répandue, cette expression ne concerne pas toute l'histoire de la monarchie française, qui apparaît à la fin du haut Moyen Âge avec les derniers Carolingiens et les premiers Capétiens. Pour les périodes antérieures (Moyen Âge), on utilise plutôt les termes de « régime féodal » ou de « monarchie féodale ».

Dans ce cadre chronologique (1589-1789), le terme « Ancien Régime » désigne à la fois l'ordre juridique (système généralisé des privilèges) et social (société des trois ordres, clergé, noblesse, tiers état) du royaume de France, et son système politique (la monarchie absolue), monarchie administrative dans laquelle les pouvoirs féodaux sont réduits (il n'existe plus de grands fiefs souverains, comme le duché de Bretagne ou le duché d'Aquitaine), et la noblesse est assez bien contrôlée).

Une partie du travail de centralisation politique des Capétiens directs (de Hugues Capet à Philippe le Bel) a été perdue pendant la guerre de Cent Ans (1337-1453), sous les premiers rois de la dynastie de Valois (de Philippe VI à Charles VII, qui met tout de même fin au contrôle des rois d'Angleterre sur le duché d'Aquitaine). Les efforts de leurs successeurs (de Louis XI à Henri II) pour rétablir leur contrôle sur un pays divisé (fin du duché de Bretagne en 1532) ont été contrecarrées par les guerres de Religion (1562-1598), sous les règnes des trois fils d'Henri II et au début du règne d'Henri IV. Les guerres de Religion prennent fin avec l'édit de Nantes (1598) qui instaure un régime particulier pour les protestants français, notamment le système des places de sûreté (La Rochelle, Montauban, Saumur, etc.).

La majeure partie des règnes d'Henri IV (r. 1589-1610) et de Louis XIII (r. 1610-1643), ainsi que les premières années du celui de Louis XIV (r. 1643-1715) sont consacrées au rétablissement du pouvoir royal, en luttant à la fois contre les protestants (prise de La Rochelle et paix d'Alès) et contre la haute noblesse (Fronde, 1648-1653).

Malgré la notion de « monarchie absolue », illustrée par le droit du roi de délivrer des ordres par lettres patentes, et les efforts visant à créer un État centralisé (création des généralités), la France des années 1780 reste un pays marqué par des irrégularités systémiques : les divisions et prérogatives administratives, judiciaires et ecclésiastiques se chevauchent fréquemment, tandis que la noblesse lutte pour conserver son influence dans l'armée et dans les institutions judiciaires et administratives locales.

La volonté de centralisation était directement liée aux questions financières de la couronne et à la capacité de mener des guerres. La guerre de Cent Ans, les conflits avec les ducs de Bourgogne, puis avec les Habsbourg (Charles Quint et Philippe II), mais aussi avec l'Angleterre, ont nécessité des sommes considérables, qui ont dû être levées par des impôts, tels que la taille et la gabelle, ainsi que par des contributions en hommes et en services de la part de la noblesse.

L'un des éléments clés de cette centralisation fut le remplacement des systèmes de patronage par une organisation institutionnelle construite autour de l'État. La nomination d'intendants, représentants du pouvoir royal dans les provinces, affaiblit considérablement le contrôle local exercé par les nobles régionaux. Il en fut de même avec la confiance accrue accordée par la cour royale à la noblesse de robe en tant que juges et conseillers royaux. La création des parlements régionaux avait initialement le même objectif, à savoir faciliter l'introduction du pouvoir royal dans les territoires nouvellement assimilés.[pas clair]

Signification

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Portrait d'Alexis de Tocqueville, auteur de L'Ancien Régime et la Révolution (1856), ouvrage dans lequel il cherche à comprendre l'origine et l'enchaînement des événements qui conduisirent à la Révolution, qu'il voit comme l'accélération d'une évolution ancienne et qui se poursuit.

Bien que son utilisation soit contemporaine de la Révolution, c'est Alexis de Tocqueville, auteur de l'essai L'Ancien Régime et la Révolution (1856), qui est le principal responsable de son ancrage dans le domaine littéraire. Dans ce texte, il indique précisément que « la Révolution française a baptisé ce qu'elle a aboli » ; Il y tente une description de la monarchie absolue, qu'il oppose notamment à la société médiévale, opposition qui est devenue courante dans l'historiographie au cours du XIXe siècle et de la première moitié du XXe siècle, mais que des historiens ultérieurs ont contestée, en particulier François Furet. Ce dernier souligne le fait que l'expression porte en elle une vision rétrospective de la période qu'elle nomme. Cette vision structurera durablement la manière d'envisager l'absolutisme français au XIXe siècle et au XXe siècle.

L'expression est en réalité inventée par le marquis César Henri de La Luzerne en 1787 pour les États-Unis. Elle fut ensuite utilisée pour la France d'après 1789. Le terme « régime » fait ici allusion au régime politique, c'est-à-dire aux institutions de l'État, au type de gouvernement (dans ce cas, à la monarchie). D'une certaine manière, c'est également de monarchie qu'il s'agira quand, après la Révolution et l'Empire, interviendra la Restauration. L'expression « Ancien Régime » peut toutefois s'élargir à de nombreux aspects sans se limiter à la sphère politique. Elle fait ainsi référence aux dimensions sociale, économique et religieuse du royaume de France dans toutes ses facettes avant la Révolution française, entre le XVIe et XVIIIe siècles. L'application du terme aux structures économiques et sociales est attribuée à Ernest Labrousse et a été diffusée par l'École des Annales, où il sera question d'un « Ancien Régime économique » pour désigner les structures économiques qui prévalaient en France sous la monarchie absolue.

Histoire

Prélude : les guerres de Religion sous les Valois (1562-1589)

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L'édit de Nantes, édit de tolérance promulgué le et conservé aux Archives nationales.

Les règnes des trois fils d'Henri II, François II (r. 1559-1560), Charles IX (r. 1560-1574) et Henri III (r. 1574-1589) sont marqués par les guerres de Religion entre catholiques et protestants. La Réforme s'est progressivement répandue en France à partir de 1520, au point qu'en 1562, date du début des huit guerres de Religion, un dixième de la population était devenue protestante. Cette guerre civile est marquée par le massacre de la Saint-Barthélemy, le et les jours suivants, où les protestants sont attaqués dans leurs propres maisons, faisant plusieurs milliers de victimes à Paris et en province. La guerre civile est aussi une grande menace pour l'unité territoriale. Les protestants et les ligueurs font des promesses aux souverains étrangers pour obtenir leur aide. Par exemple, les réformés promettent à Élisabeth Ire de lui restituer le Calaisis en échange de son intervention. De plus les troubles permettent à chacun des partis en présence de s'arroger des parcelles du pouvoir régalien. Les princes catholiques sont tout puissants dans les régions dont ils ont obtenu le gouvernement comme les Guise en Bourgogne, les Montmorency en Languedoc. L'édit de Beaulieu de 1576 permet aux protestants de célébrer leur culte publiquement partout sauf à Paris. Ils peuvent occuper huit places fortes et bénéficient de chambres mi-partie dans les parlements.

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L'abjuration d'Henri IV, le , en la basilique Saint-Denis (toile de Nicolas Baullery). Sa conversion au catholicisme lui permet de réclamer le trône qui lui faisait défaut, ce qui le conduira à son sacre, le , à la cathédrale de Chartres.

La mort du dernier prince Valois (Francois) en 1584 provoque une situation critique : au cas probable où Henri III n'aurait pas de fils, le trône reviendrait à Henri de Navarre, issu d'une branche cadette des Capétiens, la maison de Bourbon, roi de Navarre depuis 1572, qui est depuis 1576 le chef des armées protestantes. Cette situation entraîne la huitième guerre de religion, dans laquelle les catholiques radicaux de la Ligue, dirigés par le duc Henri de Guise, sont alliés à l'Espagne de Philippe II.

Après l'assassinat ordonné par Henri III du duc de Guise, la Sorbonne décrète, lors d'une assemblée tenue le , la déchéance du « roi tyran ». Cette même assemblée fait savoir que « le peuple français était délié du serment de fidélité prêté à Henri III et qu'il pouvait s'armer pour la défense de la religion ». Cela suffit au moine Jacques Clément pour assassiner le roi six mois plus tard.

Règne d'Henri IV (1589-1610)

Henri IV n'est évidemment pas reconnu par la Ligue. Il lui faut reconquérir son royaume, avec ses troupes protestantes, mais aussi une partie de l'armée royale et le soutien des catholiques modérés comme Montaigne. Pour faciliter les choses, il se convertit au catholicisme en 1593.

Une fois le dernier ligueur soumis (le duc de Mercoeur, gouverneur de Bretagne), Henri IV met un terme aux guerres de Religion en promulguant l'édit de Nantes de 1598.

Aidé de son ministre Sully, Henri IV tâche de remettre sur pied le royaume durement éprouvé par les guerres civiles.

Lorsqu'il est assassiné en 1610 par François Ravaillac, un catholique fanatique, il lègue à son fils Louis XIII un royaume considérablement renforcé.

Le Grand Siècle (règnes de Louis XIII et Louis XIV)

Règne de Louis XIII et début du règne de Louis XIV (1610-1661)

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Famille de paysans dans un intérieur, toile peinte par Louis Le Nain, vers 1642.

Aux XVIe siècle et XVIIe siècle, la théorie de la monarchie absolue prend de l'ampleur. Elle a comme principal relais dans les provinces les officiers de justice qui cherchent à réduire les droits de justice seigneuriale. La justice est en effet un puissant moyen d'unification du pays. Tous les cas peuvent aller en appel auprès du conseil du roi par le moyen des évocations et la coutume de Paris a tendance à s'imposer comme droit commun coutumier. Louis XIII (r. 1601-1643) a neuf ans quand son père Henri IV est assassiné en 1610. Sa mère Marie de Médicis assure la régence avec ses favoris et néglige l'éducation du jeune roi. Louis XIII l'écarte du pouvoir en 1617 en faisant assassiner son favori Concini. À partir de 1624, il règne en étroite collaboration avec son principal ministre, le cardinal de Richelieu qu'il soutient contre les intrigues des nobles, furieux d'être écartés du pouvoir. Il mène une politique de domestication des grands seigneurs du royaume (affaire du comte de Chalais en 1626), de durcissement envers les protestants à qui il parvient à retirer les places-fortes que l'édit de Nantes leur octroyait.

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Louis XIV peint par Henri Testelin en 1648. Le roi n'ayant que quatre ans, sa mère Anne d'Autriche devient régente de France.

Il installe des intendants de justice, police et finance dans les provinces. Contrairement aux officiers ceux-ci sont des commissaires révocables. Ils sont indispensables dans les régions frontières ou occupées par les Français. Ils y assurent l'ordre en luttant contre les pillages des soldats français et en s'assurant de la fidélité des sujets, particulièrement des nobles et des villes. Le roi accentue la centralisation en favorisant l'atelier de frappe monétaire de Paris aux dépens de ceux de provinces. Dès 1635, Louis XIII et le cardinal de Richelieu s'engagent dans la guerre de Trente Ans auprès des princes allemands protestants pour réduire la puissance de la dynastie des Habsbourg, tant ceux d'Espagne, la première puissance européenne à cette époque, que ceux d'Autriche qui sont à la tête du Saint-Empire romain germanique. Pour affaiblir la Monarchie de Habsbourg, les Français occupent des places-fortes et s'assurent des passages qui les relient à leurs alliés, en Alsace, en Lorraine et dans le Piémont. L'augmentation considérable de la pression fiscale, nécessitée par la guerre, provoque de nombreux soulèvements populaires : en 1636-1637 celui des croquants de Saintonge-Périgord, en 1639 celui des va-nu-pieds de Normandie, sévèrement réprimés.

Louis XIV a quatre ans et demi quand son père meurt en 1643. Sa mère Anne d'Autriche assure la régence avec le cardinal Mazarin. Jusqu'en 1661, date de sa mort, c'est ce dernier qui gouverne effectivement, même après la majorité de Louis XIV. Il poursuit l'effort de guerre entamé par Richelieu. Les troupes françaises remportent des victoires décisives qui permettent de mettre fin à la guerre de Trente Ans (1618-1648). Le traité de Münster d'octobre 1648 accorde à la France presque toute l'Alsace, confirme la possession des trois évêchés et donne trois forteresses à la France sur la rive droite du Rhin, Landau, Philippsbourg et Brisach. Mazarin poursuit ainsi la politique d'expansion vers le Saint-Empire romain germanique entreprise par le cardinal de Richelieu. Le conflit se poursuit cependant avec l'Espagne jusqu'en 1659. Avec la paix de Pyrénées, le domaine royal s'agrandit du Roussillon, de l'Artois et de certaines places du Hainaut comme Thionville et Montmédy. Louis XIV épouse l'infante d'Espagne, Marie-Thérèse d'Autriche. Pour la première fois, dans un traité signé par la France, la frontière entre la France et l'Espagne est définie par la nature : « les crêtes des montagnes qui forment les versants des eaux ».

Règne personnel de Louis XIV (1661-1715)

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Promenade de Louis XIV et de sa cour dans les jardins du château de Versailles (Étienne Allegrain, c. 1688).

À la mort de Mazarin, en 1661, Louis XIV déclare qu'il gouvernera désormais seul, c'est-à-dire sans principal ministre. Il réclame de ses secrétaires d'État une stricte obéissance et leur interdit de décider sans lui. Pour être sûr d'être obéi de ses ministres, il les choisit parmi la bourgeoisie comme Colbert ou Le Tellier. Le règne de Louis XIV marque une centralisation extrême du pouvoir royal. Les grandes décisions sont prises par le conseil d'en haut qui se réunit deux ou trois fois par semaine et où ne siègent que 3 à 5 ministres. Les intendants sont plus que jamais la voix du roi dans les provinces. Dès le début de son « règne personnel » (1661-1715), Louis XIV amorce le redressement de l'autorité royale. Les gouverneurs des provinces, issus de la haute noblesse n'ont plus d'armée à leur disposition et doivent résider à la cour, ce qui rend plus difficile le clientélisme. En 1665, Louis XIV interdit aux parlements de délibérer sur les édits et leur ordonne de les enregistrer sans vote. Les États provinciaux de Normandie, Périgord, Auvergne, Rouergue, Guyenne et Dauphiné disparaissent. Avec Colbert, il entreprend de réformer la justice et fait rédiger toute une série d'ordonnances ou codes applicables dans tout le royaume. N'étant pas sûr de la fidélité des officiers propriétaires de charges héréditaires, il confie leurs fonctions à des commissaires révocables. Ce procédé finit par contraindre les officiers à l'obéissance. La noblesse perd tout pouvoir politique. Elle est domestiquée à Versailles où son plus grand souci est de se faire remarquer du roi. Pour cela, elle doit faire des dépenses excessives et en est réduite à quémander des pensions au roi pour assurer son train de vie fastueux.

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Acquisitions territoriales de la France aux XVIIe et XVIIIe siècles, de 1643 à la mort de Louis XIV, en 1715.

Louis XIV pense que la guerre est la vocation naturelle d'un roi. Mais au début de son règne, l'armée est encore une entreprise privée monopolisée par la noblesse. Sous l'égide de Le Tellier puis de son fils Louvois, les officiers sont contrôlés par des administrateurs civils qui appliquent des réglementations strictes, les dépouillant d'une grande partie de leur pouvoir. Les efforts faits pour moderniser et discipliner l'armée permettent à Louis XIV de remporter d'éclatantes victoires dans la première partie de son règne personnel. La guerre de Dévolution (1667-1668) lui permet de conquérir de nouvelles places fortes dans le nord de la France parmi lesquelles Dunkerque, Lille et Douai. Les traités de Nimègue de 1678 mettent fin à la guerre de Hollande. Louis XIV n'a pu réduire les Pays-Bas mais acquiert la Franche-Comté au détriment de l'Espagne. Des échanges de places fortes permettent de régulariser la frontière au nord. En 1680-1681, Louis XIV, fort de sa domination sans partage sur l'Europe, procède à la politique des « réunions ». Le but est de relier le chapelet de places fortes élaborées par Vauban. En pleine paix il annexe entre autres Nancy et Strasbourg. Cette violation du droit international indigne les États d'Europe. Louis XIV s'aliène les États protestants en révoquant l'édit de Nantes en 1685.

Ses rapports avec l'Angleterre se tendent. En effet, la France commence à peupler la Nouvelle-France entre 1635 et 1654 la Guadeloupe est conquise par Liénard de l'Olive et Duplessis d'Ossonville, en 1682 Cavelier de la Salle découvre ce qu'il appelle la Louisiane, les Français fondent des comptoirs commerciaux en Inde, ce qui concurrence les projets britanniques. Le , Louis XIV lance un ultimatum exigeant que la trêve qui lui accordait l'occupation des « réunions » pour 20 ans soit transformée en traité définitif. Il fait occuper et dévaster le Palatinat dont il revendique la succession. Ceci entraîne la guerre de la Ligue d'Augsbourg dirigée par Guillaume d'Orange, Stathouder de Hollande, devenu roi d'Angleterre avec sa femme Marie II. La guerre de Succession d'Espagne, menée par une coalition européenne pour empêcher le comte d'Anjou, second fils du dauphin, de devenir roi d'Espagne commence en 1701. La France après quelques victoires connaît de nombreux revers. La paix est signée à Utrecht en 1714 et confirme l'accession d'une branche des Bourbon sur le trône d'Espagne. Le vieux roi, qui meurt en 1715, voit son fils et son petit-fils mourir avant lui. Son héritier est donc son arrière-petit-fils né en 1710.

Règne de Louis XV (1715-1774)

Une période de paix de 1714 à 1733

Le quart de siècle qui a suivi le traité d'Utrecht fut paisible, sans guerre majeure. Les principales puissances se sont épuisées dans les conflits armés et ont subi de nombreuses pertes humaines, des vétérans invalides, des marines ruinées, des coûts de retraite élevés, des emprunts lourds et des impôts élevés. En 1683, les impôts indirects rapportaient 118 000 000 livres, mais en 1714, ces recettes avaient chuté à 46 000 000 livres.

Cette mort risquait de plonger la France dans une nouvelle guerre. Le principal responsable de la politique étrangère française est alors le cardinal de Fleury, qui reconnaissait la nécessité pour la France de se reconstruire et menait donc une politique pacifique,.

Cette période de paix prend fin avec la guerre de Succession de Pologne, dans laquelle la France est impliquée du fait qu'un des candidats au trône est Stanislas Leszczynski, père de la reine Marie Leszczynska.

Période de la Régence (1715-1723)

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Louis XV peint par Hyacinthe Rigaud en 1715. Le roi n'ayant que cinq ans, le duc d'Orléans assure la Régence.

Louis XV règne de 1715 à 1774. N'ayant que cinq ans à la mort de son arrière-grand-père Louis XIV, le pouvoir est confié à un conseil de régence dirigé par le duc d'Orléans. Celui-ci a pris soin de faire casser le testament du roi défunt, qui limitait son pouvoir, par le parlement de Paris en échange d'un retour au droit de remontrance. Un des pouvoirs autonomes muselés par Louis XIV retrouve ainsi un pouvoir de contestation de la monarchie dont il se servira tout au long du XVIIIe siècle. L'époque est au relâchement des mœurs, au boom économique, à la spéculation. Le goût pour les produits exotiques favorise le développement des ports de l'Atlantique. Les marchands de produits coloniaux, la monarchie et les trafiquants d'esclaves font d'éclatantes fortunes et les colons importent des produits manufacturés de France. Le port de Nantes se développe et les négriers se font construire à Nantes, à Bordeaux et à La Rochelle d'imposants bâtiments. La Nouvelle-Orléans est fondée en 1718.

Règne effectif de Louis XV (1723-1774)

Quand le Régent meurt en 1723, Louis XV s'appuie sur un de ses ministres, Fleury, son ancien précepteur en qui il a toute confiance, jusqu'à la mort de celui-ci en 1743 ; date à laquelle le roi prendra alors les rênes effectifs du pouvoir. Sous son règne, la France s'agrandit. En 1735, la Lorraine, principauté souveraine, plusieurs fois occupée par la France, est donnée à Stanislas Leszczynski, roi malheureux chassé du trône de Pologne par les Russes et les Autrichiens et beau-père de Louis XV. À sa mort en 1766, elle entre dans le domaine royal. La Corse, indépendante de facto depuis 1755, est symboliquement cédée par la république de Gênes en 1768 puis soumise militairement après la bataille de Ponte-Novo en mai 1769. Auparavant en 1762, la région des Dombes avait, elle aussi, rejoint le domaine. Sous les règnes de Louis XV et de Louis XVI (r. 1774-1792), est entreprise une politique de simplification et de régularisation des frontières. Il s'agit de procéder à des échanges de places avancées avec les États voisins pour éviter les enclaves aussi bien françaises en dehors des frontières qu'étrangères à l'intérieur du territoire. En 1789, il n'existe plus que trois enclaves étrangères en territoire français Avignon et le Comtat Venaissin qui appartiennent au pape, la principauté de Montbéliard et la république de Mulhouse.

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Planisphère des « vieilles colonies », soit le premier empire colonial français instauré sous l'Ancien Régime. Il comprend la Nouvelle-France et les Antilles françaises.

C'est au XVIIIe siècle que se forge la théorie des frontières naturelles de la France. Un mémoire adressé au roi précise : « La France effectivement doit se tenir bornée par le Rhin et ne songer jamais à faire aucune conquête en Allemagne. Si elle se faisait une loi de ne point passer cette barrière et les autres que la nature lui a prescrites du côte de l'occident et du midi : mer océane, Pyrénées, mer Méditerranée, Alpes, Meuse et Rhin, elle deviendrait alors l'arbitre de l'Europe et serait en état de maintenir la paix au lieu de la troubler ». Pendant son règne, Louis XV refuse plusieurs fois les propositions qui lui sont faites d'annexer les Pays-Bas autrichiens en échange de son alliance ou de sa neutralité, sans que les historiens en comprennent bien la raison. Son refus montre que cette idée n'est pas, à ce moment, la doctrine officielle de l'État.

En perdant la guerre de Sept Ans (1756-1763), la France perd du même coup son importance politique d'outre-mer, notamment en Amérique (perte de la Nouvelle-France) et en Inde (où elle ne conserve que Yanaon, Chandernagor, Karikal, Mahé et Pondichéry) en cédant ses territoires à la rivale Grande-Bretagne par le traité de Paris de 1763. Le règne de Louis XV est très brillant sur le plan culturel, avec l'apparition des philosophes des Lumières tels Voltaire, Rousseau, Montesquieu, Diderot et D'Alembert. Le plus grand problème de l'État est alors le déficit budgétaire chronique qui conduit à rendre le roi dépendant des financiers et des manieurs d'argent. Autre source de paralysie des systèmes de gouvernement, l'opposition des parlements, se posant en défenseur des lois du royaume et en contre-pouvoir. S'opposant à toute tentative de réformes du royaume, elle contribue à la crise de la monarchie absolue sous le règne de Louis XVI.

Règne de Louis XVI

Un déclin aux sources multiples (1774-1788)

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Louis XVI donnant des instructions à La Pérouse, par Nicolas-André Monsiau (1817).

Le petit-fils de Louis XV, Louis XVI, arrive au pouvoir en 1774. Timide, il vit dans une cour traversée par les intrigues et les coteries. Son règne est marqué par une politique velléitaire. Face aux pressions de la cour, des parlements et de la noblesse, il est incapable de prendre les mesures nécessaires pour combler une dette publique et un déficit budgétaire démesurés. L'aide apportée aux insurgés américains aggrave encore le déficit. Plusieurs autres facteurs expliquent les difficultés de la monarchie absolue.

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Cour de ferme, toile de Lépicié, XVIIIe siècle.

Malgré les tentatives de centralisation administrative, le pays est loin d'être unifié. Il existe des douanes intérieures entre les provinces, il n'y a pas d'unité des poids et mesures. Tout ceci entrave le développement économique de la France à un moment où l'Angleterre est en plein décollage industriel. Les impôts ne sont pas perçus de la même manière dans tout le pays, même si les intendants en supervisent la répartition et la levée. Malgré les efforts entrepris depuis François Ier avec l'ordonnance de Villers-Cotterêts, les lois ne sont pas les mêmes dans tout le royaume. Le nord est encore soumis au droit coutumier, à peu près 300 coutumes, alors que le Sud est régi par un droit écrit, inspiré du droit romain.

L'Ancien Régime avait l'habitude de ne rien supprimer mais de superposer. De ce fait dans les années 1780, il existe un enchevêtrement de circonscriptions de tailles et de fonctions différentes : diocèses de l'Antiquité, bailliage et sénéchaussées du Moyen Âge, généralités du XVIe siècle. Par exemple : « Un habitant de Saint-Mesnin résidait dans le bailliage de Semur, payait ses impositions à la recette de Semur, avait affaire au subdélégué de Vitteaux et à l'évêque de Dijon. Si quelque affaire des eaux et forêts le retenait, c'était à la maîtrise d'Avallon qu'il devait se rendre ; s'il avait besoin de la justice consulaire, c'est à Saulieu que son voyage le menait ». Cette confusion s'explique par la manière dont le domaine royal s'est formé. À chaque acquisition, les rois promettaient de respecter les privilèges et les coutumes des provinces et des villes. À l'aube de la Révolution les particularismes régionaux restent très vifs.

Naissance du « Nouveau Régime » (1789-1790)

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Séance d'ouverture de l'assemblée des États généraux, 5 mai 1789 (Auguste Couder, 1839).
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« Réforme de différents droits féodaux et de la dîme » : la nuit du 4 août et les jours suivants contribuent à remodeler la société d'Ancien Régime par l'abolition des privilèges. Dans cette caricature anonyme de 1789, un homme du Tiers-État répond au Clergé : « Hé, prenez toujours, M. le curé, tel refuse d'une main qui voudrait tenir de l'autre, mais c'est la dernière fois. ».

L'année 1789 est riche en événements historiques. Rencontrant des difficultés à établir un impôt universel, Louis XVI a convoqué les États généraux pour le à Versailles. Les députés du Tiers-État parviennent en deux mois et sans violence à mettre fin à la monarchie absolue avec l'aide d'une partie du Clergé et de la Noblesse, en se faisant reconnaître comme assemblée nationale à la suite du serment du Jeu de paume, prêté le . Le , les Parisiens, exaspérés par la crise économique, l'instabilité gouvernementale et redoutant l'arrivée de troupes autour de Paris, prennent d'assaut la Bastille, accélérant ainsi le processus révolutionnaire initié par les députés, en faisant plier un symbole de l'absolutisme royal. En effet, le , le roi, venu à l'hôtel de ville de Paris entériner les nouvelles institutions parisiennes nées de la prise de la Bastille, accepte de porter la cocarde tricolore : le blanc, la couleur royale, entouré des deux couleurs de la garde municipale de Paris, le bleu et le rouge.

À la fin du mois de , les campagnes sont agitées par la Grande Peur, une révolte contre les droits féodaux. Pour mettre fin à l'agitation, les députés votent, dans la nuit du , l'abolition des privilèges et des droits féodaux. Même si ces derniers sont déclarés rachetables lors de la rédaction des décrets des 4, 6, 7, 8 et 11 août 1789, cette date marque la fin de l'Ancien Régime et le début d'une nouvelle société. La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen votée le en est l'acte de baptême. Ce texte reconnaît l'égalité des citoyens devant la loi, consacre la souveraineté nationale et légitime le droit à la résistance à l'oppression. S'ensuit l'adoption de plusieurs Articles constitutionnels le , entérinant une première forme de constitution pour la France. Avec le retour forcé du roi à Paris les 5 et , la Révolution semble avoir atteint ses buts : faire naître une monarchie parlementaire en rabaissant le prestige du roi et en restreignant ses pouvoirs. Le , un an après la prise de la Bastille, la Fête de la Fédération célèbre, sur le Champ-de-Mars à Paris, la réconciliation nationale et l'unité de tous les Français.

Causes de l'effondrement de l'Ancien Régime

Bien que la France ait connu en 1785 des difficultés économiques liées principalement à l'équité fiscale, elle était l'une des nations les plus riches et les plus puissantes d'Europe. Le peuple français jouissait également d'une plus grande liberté politique et d'un taux de punitions arbitraires moins élevé que beaucoup de ses compatriotes européens. Cependant, Louis XVI, ses ministres et la noblesse française dans son ensemble étaient devenus extrêmement impopulaires, car les paysans et, dans une moindre mesure, la bourgeoisie étaient accablés par des impôts ruineux, prélevés pour soutenir les aristocrates fortunés et leur train de vie somptueux.

Les historiens expliquent l'effondrement soudain de l'Ancien Régime par sa rigidité. Les aristocrates ont été confrontés aux ambitions croissantes des marchands, des commerçants et des agriculteurs prospères, alliés aux paysans mécontents, aux salariés et aux intellectuels influencés par les idées des philosophes des Lumières. Au fur et à mesure que la Révolution progressait, le pouvoir a été transféré de la monarchie et des privilégiés de naissance à des organes politiques plus représentatifs, tels que les assemblées législatives, mais les conflits entre les groupes républicains autrefois alliés ont provoqué des discordes et des effusions de sang considérables.

Un nombre croissant de Français avaient assimilé les idées d'« égalité » et de « liberté individuelle » présentées par Voltaire, Diderot, Turgot et d'autres philosophes et théoriciens sociaux du siècle des Lumières. La Révolution américaine avait démontré que les idées des Lumières sur l'organisation du gouvernement pouvaient effectivement être mises en pratique. Certains diplomates américains, comme Benjamin Franklin et Thomas Jefferson, avaient vécu à Paris et fréquenté librement les membres de la classe intellectuelle française. De plus, les contacts entre les révolutionnaires américains et les soldats français, qui avaient apporté leur aide à l'armée continentale en Amérique du Nord pendant la guerre d'indépendance des États-Unis, contribuèrent à diffuser les idéaux révolutionnaires en France.

Au bout d'un certain temps, de nombreux Français ont commencé à dénoncer le déficit démocratique de leur propre gouvernement, à revendiquer la liberté d'expression, à contester l'Église catholique romaine et à critiquer les prérogatives de la noblesse. LaRévolution n'a pas été provoquée par un événement unique, mais par une série d'événements qui, ensemble, ont irréversiblement modifié l'organisation du pouvoir politique, la nature de la société et l'exercice des libertés individuelles.

Organisation territoriale du royaume

Conquêtes territoriales

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Territoire contrôlé par la France et conquêtes successives entre les XVIe et XVIIIe siècles, soit de 1552 à 1798.

Au milieu du XVe siècle, la France était plus petite qu'aujourd'hui mais comptait de nombreuses provinces frontalières telles que le Roussillon, la Cerdagne, le Vallespir, le Capcir, le Béarn, la Navarre, le comté de Foix, la Flandre, l'Artois, la Lorraine, l'Alsace, les Trois-Évêchés, la Franche-Comté, la Savoie, la Bresse, le Bugey, la Provence, le Dauphiné et la Bretagne qui étaient autonomes ou appartenaient au Saint-Empire romain germanique, à la couronne d'Aragon ainsi qu'au royaume de Navarre ; il existait également des enclaves étrangères comme le Comtat Venaissin.

De plus, certaines provinces françaises étaient ostensiblement les fiefs personnels de familles nobles. Notamment, le Bourbonnais, le Forez et l'Auvergne étaient détenus par la maison de Bourbon jusqu'à ce que les provinces soient intégrées de force au domaine royal en 1527 après le décès du connétable de Bourbon. De la fin du XVe siècle à la fin du XVIIe siècle, puis à nouveau dans les années 1760, le territoire français s'est considérablement étendu et a tenté de mieux intégrer ses provinces dans un ensemble administratif.

Administration provinciale

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Carte des provinces de France et des pays adjacents en 1789, à la veille de la Révolution française.

Malgré les efforts de centralisation des rois, la France restait un patchwork de privilèges locaux et de différences historiques. Le pouvoir arbitraire de la monarchie absolue était fortement limité par les particularités historiques et régionales. Les divisions et prérogatives administratives (y compris fiscales), juridiques (comme le parlement), judiciaires et ecclésiastiques se chevauchaient fréquemment (par exemple, les évêchés et diocèses français coïncidaient rarement avec les divisions administratives). Certaines provinces et villes avaient obtenu des privilèges spéciaux, tels que des taux réduits pour la gabelle. Le sud de la France était régi par un droit écrit adapté du système juridique romain, mais le nord de la France utilisait le droit coutumier, codifié en 1453 sous forme écrite.

Le représentant du roi dans ses provinces et ses villes était le gouverneur. Les officiers royaux choisis parmi la plus haute noblesse, les gouverneurs provinciaux et municipaux (la supervision des provinces et des villes était souvent combinée) occupaient principalement des postes militaires chargés de la défense et du maintien de l'ordre. Les gouverneurs provinciaux, également appelés lieutenants généraux, avaient également le pouvoir de convoquer les parlements provinciaux, les états provinciaux et les organes municipaux. Le titre de gouverneur est apparu pour la première fois sous Charles VI. L'ordonnance de Blois de 1579 réduisit leur nombre à 12, et une ordonnance de 1779 l'augmenta à 39 (18 gouverneurs de première classe et 21 gouverneurs de deuxième classe). Bien qu'en principe, ils fussent les représentants du roi et que leurs fonctions pouvaient être révoquées à la volonté du roi, certains gouverneurs s'étaient installés, eux et leurs héritiers, comme une dynastie provinciale.

Les gouverneurs ont atteint l'apogée de leur pouvoir entre le milieu du XVIe siècle et le milieu du XVIIe siècle. Leur rôle dans les troubles provinciaux pendant les guerres civiles a conduit le cardinal Richelieu à créer des postes plus faciles à contrôler, ceux d'intendants des finances, de la police et de la justice. Au XVIIIe siècle, le rôle des gouverneurs provinciaux a été considérablement réduit. Dans le but de réformer le système, de nouvelles divisions furent créées. Les recettes générales, communément appelées généralités, n'étaient à l'origine que des districts fiscaux. Les 16 premières furent créées en 1542 par un édit d'Henri II. Leur rôle ne cessa de croître et, au milieu du XVIIe siècle, les généralités étaient placées sous l'autorité d'un intendant et servaient de vecteur à l'expansion du pouvoir royal en matière de justice, de fiscalité et de police. À la veille de la Révolution, il existait 36 généralités, les deux dernières ayant été créées en 1784.

Administration centrale

Les conseils du roi

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Louis XIV tenant les sceaux en présence des conseillers d'État et des maîtres des Requêtes. Anonyme français. Versailles, châteaux de Versailles et de Trianon.

Sous Charles VIII et Louis XII, le Conseil du Roi était dominé par les membres d'une vingtaine de familles nobles ou riches. Sous François Ier, le nombre de conseillers passa à environ 70, même si l'ancienne noblesse était alors proportionnellement plus importante qu'au siècle précédent. Les postes les plus importants à la cour étaient ceux des grands officiers de la couronne de France, dirigés par le connétable (chef militaire du royaume jusqu'à sa suppression en 1627) puis le chancelier.

Pendant la Renaissance, l'administration royale était divisée entre un petit conseil (le « secret » puis le « haut » conseil) composé de 6 membres ou moins (3 membres en 1535, 4 en 1554) pour les questions importantes de l'État et un conseil plus large pour les affaires judiciaires ou financières. François Ier était parfois critiqué pour s'appuyer trop fortement sur un petit nombre de conseillers, et Henri II, Catherine de Médicis et leurs fils se trouvaient souvent dans l'incapacité de négocier entre les familles rivales de Guise et de Montmorency au sein de leur conseil.

Au fil du temps, l'appareil décisionnel du conseil s'est divisé en plusieurs conseils royaux. Ses sous-conseils peuvent être regroupés de manière générale en « conseils gouvernementaux », « conseils financiers » et « conseils judiciaires et administratifs ». Avec les noms et subdivisions des XVIIe et XVIIIe siècles, les sous-conseils étaient les suivants :

  • Conseils gouvernementaux :
    • Conseil d'en haut (« Haut Conseil », chargé des affaires les plus importantes de l'État) – composé du roi, du prince héritier (le « dauphin »), du chancelier, du contrôleur général des finances et du secrétaire d'État chargé des affaires étrangères.
    • Conseil des dépêches (concernant les avis et les rapports administratifs provenant des provinces) – composé du roi, du chancelier, des secrétaires d'État, du contrôleur général des finances et d'autres conseillers selon les questions discutées.
    • Conseil de Conscience.
  • Conseils financiers :
    • Conseil royal des finances – composé du roi, du chef du conseil des finances (poste honorifique), du chancelier, du contrôleur général des finances et de deux de ses conseillers, ainsi que des intendants des finances.
    • Conseil royal de commerce.
  • Conseils judiciaires et administratifs :
    • Conseil d'État et des Finances ou Conseil ordinaire des Finances – à la fin du XVIIe siècle, ses fonctions ont été largement reprises par les trois sections suivantes.
    • Conseil privé ou Conseil des parties ou Conseil d'État (concernant le système judiciaire, officiellement institué en 1557) – le plus grand des conseils royaux, composé du chancelier, des ducs avec pairie, des ministres et secrétaires d'État, du contrôleur général des finances, des 30 conseillers d'État, des 80 maîtres des requêtes et des intendants des finances.
    • Grande et Petite Direction des Finance.

Outre les institutions administratives susmentionnées, le roi était également entouré d'une importante suite personnelle et courtoise (famille royale, valets de chambres, gardes, officiers d'honneur), regroupée sous le nom de « Maison du Roi  ». À la mort de Louis XIV, le Régent abandonna plusieurs des structures administratives susmentionnées, notamment les secrétaires d'État, qui furent remplacés par des conseils. Ce système de gouvernement, appelé la Polysynodie, dura de 1715 à 1718.

La noblesse de robe

Sous Henri IV (r. 1589-1610) et Louis XIII (r. 1610-1643), l'appareil administratif de la cour et de ses conseils fut élargi et la proportion de la « noblesse de robe » augmenta pour atteindre son apogée au cours du XVIIe siècle avec les fonctions suivantes :

  • Principal ministre d'État : les ministres et secrétaires d'État – tels que Sully, Concini, Richelieu, Mazarin, Colbert, Fleury, Turgot, etc. – exerçaient un contrôle puissant sur l'administration de l'État aux XVIIe et XVIIIe siècles. Le titre de « principal ministre d'État » ne fut toutefois attribué que six fois au cours de cette période et Louis XIV lui-même refusa de choisir un « premier ministre » après la mort de Mazarin.
  • Chancelier de France : en cas d'incapacité ou de disgrâce, le chancelier était généralement autorisé à conserver son titre, mais les sceaux royaux étaient confiés à un adjoint, appelé « garde des sceaux ») ;
  • Contrôleur général des finances : anciennement appelé surintendant des finances ;
  • Secrétaires d'État : créés en 1547 par Henri II, leur importance s'accroît après 1588, généralement au nombre de 4, mais parfois 5 : le Secrétaire d'État des Affaires étrangères, le Secrétaire d'État de la Guerre, le Secrétaire d'État de la Marine, le Secrétaire d'État de la Maison du Roi et le Secrétaire d'État de la Religion prétendue réformée.

Parmi les autres fonctions de hauts rangs sous l'Ancien Régime figurent : le Conseiller d'État (au nombre de 30), le Maître des requêtes (au nombre de 80), l'Intendant des finances (au nombre de 6), l'Intendant du commerce (au nombre de 4 ou 5), le Ministre d'État (nombre variable), le Trésorier de France, le Fermier général, le Surintendant général des Postes, le Surintendant des Bâtiments, le Surintendant des Fortifications, le Lieutenant général de police et l'Archevêque de Paris.

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Découpagne administratif des bailliages, sénéchaussées et juridictions assimilées à l'ouverture des États généraux de 1789.

Au Moyen Âge, l'administration royale dans les provinces était assurée par les bailliages et les sénéchaussées, mais leur rôle a décliné au début de l'époque moderne et, à la fin du XVIIIe siècle, les bailliages n'avaient plus qu'une fonction judiciaire. Au XVIe siècle et au début du XVIIe siècle, le pouvoir administratif royal dans les provinces était principalement exercé par les gouverneurs (qui représentaient la présence du roi dans les province), des fonctions qui avaient longtemps été réservées aux familles les plus haut placées du royaume. Avec les guerres civiles du début de l'époque moderne, le roi s'est de plus en plus tourné vers des émissaires plus dociles et plus serviles, ce qui a entraîné la montée en puissance des intendants provinciaux sous Louis XIII (r. 1610-1643) et Louis XIV (r. 1643-1715). Les intendants étaient choisis parmi les maîtres des requêtes. Ceux qui étaient attachés à une province avaient compétence en matière de finances, de justice et de police.

Au XVIIIe siècle, le pouvoir administratif royal était solidement établi dans les provinces, malgré les protestations des parlements locaux. Outre leur rôle de cours d'appel, les parlements régionaux avaient obtenu le privilège d'enregistrer les édits du roi et de lui présenter les plaintes officielles concernant ces édits. Ils avaient ainsi acquis un rôle limité en tant que porte-parole de la classe des magistrats. Le refus d'un parlement d'enregistrer les édits (souvent liés à des questions fiscales) permettait au roi d'imposer leur enregistrement par le biais d'une assise royale, le « lit de justice ».

Les autres organes représentatifs traditionnels du royaume étaient les États généraux, créés en 1302, qui réunissaient les trois ordres du royaume (Clergé, Noblesse et Tiers-État), et les États provinciaux. Les États généraux avaient été réunis lors de crises fiscales ou convoqués par des partis mécontents des prérogatives royales (telles les Huguenots en 1588 ou la Ligue catholique en 1593), mais ils n'avaient aucun pouvoir réel car les dissensions entre les trois ordres les affaiblissaient et ils étaient dissous avant d'avoir achevé leur travail. Signe de l'absolutisme français, elles cessèrent d'être convoquées de 1614 à 1789. Les États provinciaux se révélèrent plus efficaces et furent convoqués par le roi pour répondre aux politiques fiscales et budgétaires.

Organisation des finances royales

Pays d'Etats, pays d'élection, pays d'imposition

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Distinction des généralités selon leur type : pays d'élection (en blanc), pays d'états (en rouge), pays d'imposition (en jaune).

Le désir d'une perception fiscale plus efficace fut l'une des principales causes de la centralisation administrative et royale française au début de l'époque moderne. La taille devint une source majeure de revenus pour la couronne. En étaient exemptés le clergé et les nobles, les officiers de la couronne, le personnel militaire, les magistrats, les professeurs d'université et les étudiants, ainsi que certaines villes franches telles que Paris. Il existait trois types de provinces : les pays d'élection, les pays d'états et les pays d'imposition.

Dans les pays d'élection (les possessions les plus anciennes de la couronne française ; certaines provinces avaient joui d'une autonomie équivalente à celle des pays d'états, mais l'avaient perdue à la suite des réformes royales), l'évaluation et la perception des impôts étaient confiées à des fonctionnaires élus (du moins à l'origine, car plus tard, ces postes ont été achetés), et l'impôt était généralement « personnel » et donc lié aux personnes non nobles.

Dans les pays d'état, la Bretagne, le Languedoc, la Bourgogne, l'Auvergne, le Béarn, le Dauphiné, la Provence et certaines parties de la Gascogne, telles que la Bigorre, le Comminges et les Quatre-Vallées, provinces récemment acquises qui avaient pu conserver une certaine autonomie locale en matière fiscale, l'évaluation de l'impôt était établie par les conseils locaux et l'impôt était généralement « réel » et donc lié aux terres non nobles (les nobles possédant de telles terres étaient tenus de payer des impôts sur celles-ci).

Les pays d'imposition étaient des terres récemment conquises qui avaient leurs propres institutions historiques locales (elles étaient similaires aux pays d'état sous lesquels elles sont parfois regroupées), mais la fiscalité était supervisée par l'intendant royal.

Évolution de la fiscalité royale

Les districts fiscaux ont connu diverses mutations depuis le XIVe siècle. Avant le Lieutenant du roi, la surveillance de la perception des impôts royaux incombait généralement aux baillis et aux sénéchaux dans leurs circonscriptions. Les réformes des XVe et XVIe siècles ont vu l'administration financière royale française gérée par deux conseils financiers, qui travaillaient de manière collégiale : les quatre Généraux des finances (également appelés général conseiller ou receveur général) supervisaient la perception des impôts (taille, aides, etc.) par les agents percepteurs (receveurs) et les quatre Trésoriers de France (trésoriers) supervisaient les revenus provenant des terres royales.

Ensemble, ils formaient les Messieurs des finances. Les quatre membres de chaque conseil étaient répartis par districts géographiques (bien que le terme généralité n'apparaisse qu'à la fin du XVe siècle). Les régions étaient nommées Languedoïl, Languedoc, Outre-Seine-et-Yonne et Nomandie (la dernière fut créée en 1449, les trois autres plus tôt), les directeurs de la région « Languedoïl » jouissant généralement d'une prééminence honorifique. En 1484, le nombre de généralités était passé à six.

Au XVIe siècle, les rois de France, dans le but d'exercer un contrôle plus direct sur les finances royales et de contourner le double conseil, accusé de mauvaise surveillance, ont procédé à de nombreuses réformes administratives, notamment la restructuration de l'administration financière et l'augmentation du nombre de généralités. En 1542, la France était divisée en 16 généralités. Leur nombre passa à 21 à la fin du XVIe siècle et à 36 au moment de la Révolution française ; les deux dernières furent créées en 1784.

L'administration des généralités de la Renaissance a connu diverses réformes. En 1577, Henri III a établi cinq trésoriers généraux dans chaque généralité, qui formaient un bureau des finances. Au XVIIe siècle, la surveillance des généralités a été confiée aux intendants des finances, de la justice et de la police. Les termes « généralité » et « intendance » sont devenus à peu près synonymes.

Jusqu'à la fin du XVIIe siècle, les percepteurs d'impôts étaient appelés receveurs. En 1680, le système de la Ferme générale a été mis en place. Il s'agissait d'un système de franchise douanière et fiscale dans lequel des particuliers achetaient le droit de percevoir la taille au nom du roi, par le biais d'adjudications de six ans (certaines taxes comme les aides et la gabelle étaient déjà exploitées de cette manière dès 1604). Les principaux percepteurs d'impôts de ce système étaient connus sous le nom de « fermiers généraux ».

La taille n'était qu'un impôt parmi d'autres. Il existait également le taillon (un impôt à des fins militaires), la gabelle (une taxe nationale sur le sel), les aides sur divers produits (vin, bière, huile et autres marchandises), des droits de douane locaux sur des produits spécialisés (la douane) ou prélevés sur les produits entrant dans la ville (l'octroi) ou vendus dans les foires, ainsi que des impôts locaux. Enfin, l'Église bénéficiait d'un impôt obligatoire ou dîme.

Louis XIV créa plusieurs systèmes fiscaux supplémentaires, notamment la capitation, qui débuta en 1695 et concernait toutes les personnes, y compris les nobles et le clergé, bien qu'il fût possible d'acheter une exemption moyennant une somme forfaitaire importante, et la « dixième » (1710-1717, reprise en 1733), qui fut instaurée pour soutenir l'armée et constituait un véritable impôt sur le revenu et la valeur des biens immobiliers. En 1749, sous Louis XV, un nouvel impôt basé sur la dixième, le vingtième, fut instauré pour réduire le déficit royal et fut maintenu pendant le reste de l'Ancien Régime.

Rémunération des fonctions publiques et vénalité des charges

Une autre source importante de financement de l'État provenait des droits perçus pour l'accès aux fonctions publiques (telles que la plupart des membres des parlements, les magistrats, les maîtres des requêtes et les officiers financiers). Bon nombre de ces droits étaient assez élevés, mais certaines fonctions conféraient la noblesse et pouvaient être financièrement avantageuses. L'utilisation des fonctions publiques à des fins lucratives était devenue une pratique courante dès les XIIe et XIIIe siècles. Une loi de 1467 rendit ces fonctions irrévocables, sauf en cas de décès, de démission ou de déchéance du titulaire, et les fonctions, une fois achetées, avaient tendance à devenir des charges héréditaires transmises au sein des familles moyennant des frais de transfert de titre.

Dans le but d'augmenter ses revenus, l'État recourait souvent à la création de nouvelles charges. Avant que cela ne soit rendu illégal en 1521, il était possible de laisser ouverte la date à laquelle le transfert du titre devait prendre effet. En 1534, une règle adaptée de la pratique ecclésiastique rendait nul le droit du successeur si le titulaire précédent décédait dans les quarante jours suivant le transfert, et la charge revenait à l'État. Cependant, une nouvelle taxe, la survivance jouissante, protégeait contre cette règle. En 1604, Sully créa une nouvelle taxe, la paulette ou « taxe annuelle » correspondant à un soixantième de la charge officielle, qui permettait au titulaire du titre d'être exempté de la règle des quarante jours. La paulette et la vénalité des charges devinrent des préoccupations majeures lors des révoltes parlementaires des années 1640, appelées la Fronde.

L'État exigeait également un « don gratuit », que l'Église percevait auprès des titulaires de fonctions ecclésiastiques sous forme d'impôts appelés la dîme (environ un vingtième de la charge officielle, créée sous François Ier). Les finances de l'État dépendaient également fortement des emprunts, tant privés (auprès des grandes familles bancaires européennes) que publics. La principale source publique d'emprunt était le système des rentes sur l'Hôtel de Ville de Paris, une sorte de système d'obligations d'État offrant aux investisseurs un intérêt annuel. Ce système a été mis en place pour la première fois en 1522 sous François Ier. Jusqu'en 1661, le chef du système financier en France était généralement le surintendant des finances. Cette année-là, le surintendant Nicolas Fouquet perdit le pouvoir et son poste fut remplacé par celui, moins puissant, de contrôleur général des finances.

Organisation judiciaire

Droit écrit et coutumes

Cours souveraines (Parlements)

Les cours souveraines suivantes étaient des tribunaux supérieurs dont les décisions ne pouvaient être révoquées que par « le roi en conseil ». Le chef du système judiciaire en France était le chancelier.

  • Parlements – au nombre de 14 au total : Paris, Toulouse, Aix, Besançon, Bordeaux, Dijon, Douai, Grenoble, Metz, Nancy, Pau, Rennes, Rouen et Trévoux (de 1523 à 1771). Il y eut également un parlement en Savoie (Chambéry) de 1537 à 1559. À l'origine, les parlements n'avaient qu'une fonction judiciaire (cours d'appel pour les tribunaux civils et ecclésiastiques inférieurs), mais ils commencèrent à assumer des fonctions législatives limitées. Le parlement le plus important, tant sur le plan administratif (couvrant la majeure partie du nord et du centre de la France) que sur le plan du prestige, était le parlement de Paris, qui était également la cour de première instance pour les pairs du royaume et pour les affaires régaliennes.
  • Conseils souverains – Colmar, Perpignan, Arras et¨Bastia (de 1553 à 1559). Un conseil souverain siégeait anciennement en Flandre, Navarre et Lorraine, et par la suite transformé en parlements. Les conseils souverains étaient des parlements régionaux dans les terres récemment conquises.
  • Chambre des comptes – Paris, Dijon, Blois, Grenoble, Nantes. La chambre des comptes supervisait les dépenses des fonds publics, la protection des terres du domaine royal et les questions juridiques relatives à ces domaines.
  • Cours des aides – Paris, Clermont, Bordeaux, Montauban. Le cours des aides supervisait les affaires dans les pays d'élections, souvent liées aux taxes sur le vin, la bière, le savon, l'huile, les métaux, , etc.
    • Chambre des comptes combinée avec Cours des aides – Aix, Bar-le-Duc, Dole, Nancy, Montpellier, Pau, Rouen.
  • Cours des monnaies – Paris, également Lyon (de 1704 à 1771) et Bar-le-Duc et Nancy après 1776. La cour des monnaies supervisait la monnaie, les pièces et les métaux précieux.
  • Grand Conseil – créé en 1497 pour superviser les affaires concernant les bénéfices ecclésiastiques. Parfois, le roi sollicitait l'intervention du Grand Conseil dans des affaires jugées trop controversées pour le parlement.

Cours inférieures

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Distinction des parlements selon leur type : parlement traditionnel (en blanc), conseil souverain (en beige), conseil provincial (en orange).

Les tribunaux et le droit dans les terres seigneuriales, y compris celles détenues par l'Église ou situées dans les villes, étaient généralement supervisés par le seigneur ou ses représentants. Au XVe siècle, une grande partie des compétences juridiques du seigneur fut transférée aux bailliages ou sénéchaussées et aux présidiaux, ne laissant au seigneur que les affaires concernant les redevances et les droits seigneuriaux, ainsi que les petites affaires de justice locale. Seuls certains seigneurs, ceux qui détenaient le pouvoir de haute justice (la justice seigneuriale était divisée en « haute », « moyenne » et « basse » justice), pouvaient prononcer la peine de mort, et uniquement avec le consentement des présidiaux.

Les crimes de désertion, de brigandage et de mendicité (appelés « cas prévôtaux ») relevaient de la compétence du prévôt des maréchaux, qui rendait une justice rapide et impartiale. En 1670, leur compétence fut supervisée par les présidiaux. Le système judiciaire national était composé de tribunaux appelés bailliages dans le nord de la France et sénéchaussées dans le sud. Ces tribunaux, au nombre d'environ 90 au XVIe siècle et beaucoup plus à la fin du XVIIIe siècle, étaient supervisés par un lieutenant général et subdivisés en prévôtés supervisées par un prévôt, ou comme c'était le cas en Normandie, en vicomtés supervisées par un vicomte, une fonction qui pouvait également être occupée par des non-nobles, ou dans certaines régions du nord de la France, en châtellenies supervisées par un châtelain, ou dans le sud, en vigueries ou bailliages supervisés par un viguier ou un bailli.

Afin de réduire la charge de travail des parlements, certains bailliages se virent attribuer des pouvoirs étendus par Henri II, appelés présidiaux. Les prévôts ou leurs équivalents étaient les juges de première instance pour les non-nobles et les ecclésiastiques. Dans l'exercice de leurs fonctions judiciaires, ils siégeaient seuls, mais devaient consulter certains avocats ou procureurs, qu'ils choisissaient eux-mêmes. Pour employer le terme technique, ces avocats étaient « convoqués à leur conseil ». Les appels de leurs sentences étaient portés devant les bailliages, qui avaient également compétence en première instance pour les actions intentées contre les nobles. Les bailliages et les présidiaux étaient également les premières instances pour certains crimes appelés « cas royaux », qui relevaient auparavant de la compétence des seigneurs locaux : sacrilège, lèse-majesté, enlèvement, viol, hérésie, falsification de monnaie, sédition, insurrection et port d'armes illégal. Les appels des décisions d'un bailliage étaient portés devant les parlements régionaux. Le plus important des tribunaux royaux était la prévôté et le présidial de Paris, le Châtelet, qui était supervisé par le prévôt de Paris, des lieutenants civils et criminels, et un officier royal chargé de maintenir l'ordre public dans la capitale, le lieutenant général de police de Paris.

Organisation militaire

Circonscriptions militaires

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Découpage administratif des gouvernements généraux militaires en France en 1789.

Les gouvernements généraux et particuliers étaient des circonscriptions des gouvernements militaires français : chacun constituait une portion du royaume de France soumise à l'administration militaire avec à sa tête un gouverneur nommé par le roi. S'il fait figure de vice-roi jusqu'au début du XVIIe siècle, commandant les troupes de la province et parfois se révoltant contre le pouvoir central, son rôle diminue sous la monarchie absolue et tend à devenir honorifique jusqu'à la fin du XVIIIe siècle. À partir de la fin du XVe siècle, plusieurs ordonnances précisent le statut des gouverneurs, essentiellement militaire : celle de Louis XII en 1498 ; celle de Moulins, édictée par Charles IX en 1566, supprimant leur droit de grâce ; celle de Blois, édictée par Henri III en 1579, énonçant que leur charge est une « commission » révocable et non un « office » viager.

Le gouverneur peut prêter main-forte aux juges et convoquer les États provinciaux, mais il lui est interdit de lever des impôts et taxes comme de rendre la justice. Ses attributions sont donc différentes de celles de l'intendant, à caractères administratif et fiscal. En 1579, l'ordonnance de Blois réduit à douze le nombre des gouvernements : la Bretagne, la Normandie, la Picardie, la Champagne, la Bourgogne, la Bresse, le Dauphiné, la Provence, le Languedoc, la Guyenne, l'Orléanais et l'Île-de-France. Ils sont dix-neuf en 1624, vingt-cinq au milieu du XVIIe siècle, trente-cinq en 1718 et trente-neuf en 1774, au début du règne de Louis XVI.

Le gouverneur de province est généralement choisi dans la haute noblesse ou parmi les maréchaux de France. Sous Henri IV et Louis XIII, il jouit d'une grande indépendance et il lui arrive de se révolter, comme le maréchal de Biron en Bresse, le maréchal de La Force en Béarn ou le duc de Montmorency en Languedoc. Le cardinal de Richelieu procède à une purge sévère : de dix-neuf gouverneurs en place en 1624 au début de son ministère, il n'en reste que quatre à sa mort en 1642. Le pouvoir royal peut également laisser vacant un gouvernement comme entre 1661 et 1671, pour la Guyenne. Le gouverneur est assisté par un ou plusieurs lieutenants de roi selon la taille de la province, généralement des militaires aguerris ; en 1776, le nombre des lieutenants généraux de ville, place forte ou château est réduit à cent-soixante-seize. Ces lieutenants généraux prennent le véritable commandement de l'armée.

Il faut attendre l'ordonnance du pour que le statut des gouverneurs soit uniformisé comme équivalent aux grades militaires. On compte alors trente-neuf gouvernements généraux dont dix-huit de première classe, fonctions réservées aux princes du sang et maréchaux de France avec un traitement de 18 000 à 60 000 livres, et vingt-et-un de seconde classe, correspondant au grade de lieutenant général des armées, avec un traitement de 21 000 à 30 000 livres. Enfin, sont compris cent-quatorze gouvernements particuliers dont vingt-cinq de 1re classe (12 000 livres), vingt-cinq de 2e classe (10 000 livres) et soixante-quatre de 3e classe (8 000 livres). Avec la création des départements en 1790, les charges de gouverneur, lieutenant général et lieutenant de roi sont abolies par décret de l'Assemblée constituante. Les titulaires continuent de toucher leurs appointements jusqu'au . Ceux qui avaient reçu leur charge en récompense de leurs services voient leur revenu converti en pension.

Les guerres de Louis XIV

Guerre de la Ligue d'Augsbourg

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Le Siège de Namur, 30 juin 1692 (Jean-Baptiste Martin, 1693). Lors du siège de Namur, les armées françaises commandées par Boufflers et Vauban, en présence du roi Louis XIV en personne, obtiennent la réédition du château solidement fortifié de Naumur. Ce siège est largement exploité par la propagande du Roi-Soleil.

La guerre de la Ligue d'Augsbourg, aussi appelée guerre de Neuf Ans (1688-1697), qui opposa la France à une coalition composée de l'Autriche et du Saint-Empire romain germanique, des Provinces-Unies, de l'Espagne, de l'Angleterre et de la Savoie, fut menée en Europe continentale et dans les mers environnantes, ainsi qu'en Irlande, en Amérique du Nord et en Inde. Louis XIV sortit de la guerre de Hollande en 1678 comme le monarque le plus puissant d'Europe et un souverain absolu fort de nombreuses victoires militaires. Combinant agressivité, annexions et moyens légaux, il entreprit d'étendre ses gains afin de stabiliser et de renforcer les frontières de la France, ce qui aboutit à la brève guerre des Réunions (1683-1684). La trêve de Ratisbonne qui en résulta garantit les nouvelles frontières de la France pendant 20 ans, mais les actions ultérieures de Louis XIV, notamment la révocation de l'édit de Nantes en 1685, conduisirent à la détérioration de sa domination militaire et politique. La décision de Louis XIV de traverser le Rhin en visait à étendre son influence et à faire pression sur le Saint-Empire romain germanique pour qu'il accepte ses revendications territoriales et dynastiques, mais Léopold Ier et les princes allemands résolurent de résister, et les États généraux ainsi que Guillaume III entraînèrent les Hollandais et les Anglais dans la guerre contre la France. Louis XIV se trouva confronté à une puissante coalition visant à réduire ses ambitions.

Les principaux combats se déroulèrent aux frontières de la France, dans les Pays-Bas espagnols, en Rhénanie, dans le duché de Savoie et en Catalogne. Les combats tournèrent favorablement aux armées de Louis XIV, mais en 1696, la France était en proie à une crise économique. Les puissances maritimes (l'Angleterre et les Provinces-Unies) étaient également épuisées financièrement, et lorsque la Savoie se retira de l'alliance, toutes les parties étaient désireuses de parvenir à un accord négocié. Aux termes du traité de Ryswick (1697), Louis XIV conserva l'ensemble de l'Alsace, mais fut contraint de rendre la Lorraine à son souverain et de renoncer à tous ses gains sur la rive droite du Rhin. De plus, Louis XIV reconnu Guillaume III comme roi légitime d'Angleterre, et les Hollandais acquirent leur système de forteresses-barrières dans les Pays-Bas espagnols afin de sécuriser leurs propres frontières. Cependant, avec le roi Charles II, malade et sans enfant, approchant de sa fin, un nouveau conflit sur la succession sur le trône espagnol allait bientôt entraîner Louis XIV et la Grande Alliance dans une nouvelle guerre.

Guerre de Succession d'Espagne

L'Espagne disposait d'un certain nombre d'atouts majeurs en dehors de son territoire national. Elle contrôlait d'importants territoires en Europe et dans le Nouveau Monde. Les colonies américaines espagnoles produisaient d'énormes quantités d'argent, qui étaient acheminées vers l'Espagne tous les deux ou trois ans par convois. L'Espagne présentait toutefois de nombreuses faiblesses. Son économie nationale était pauvre, avec peu d'activités commerciales, industrielles ou artisanales avancées. Elle devait importer la quasi-totalité de ses armes et sa grande armée était mal entraînée et mal équipée. Elle disposait d'une petite marine, car la navigation n'était pas une priorité pour les élites. Les gouvernements locaux et régionaux ainsi que la noblesse locale contrôlaient la plupart des décisions. Le gouvernement central était assez faible, avec une bureaucratie médiocre et peu de dirigeants compétents. Le roi Charles II régna de 1665 à 1700, mais était en très mauvaise santé physique et mentale.

Comme Charles II n'avait pas d'enfants, la question de la succession au trône d'Espagne déclencha une guerre majeure. La famille des Habsbourg basée à Vienne, à laquelle appartenait Charles II, proposa son propre candidat au trône. Cependant, les Bourbons, la famille régnante de France, s'opposèrent instinctivement à l'expansion du pouvoir des Habsbourg en Europe et proposèrent leur propre candidat : Philippe, le petit-fils du puissant Louis XIV. L'argent de l'Espagne et son incapacité à protéger ses biens en faisaient une cible très visible pour les pays européens ambitieux. Pendant des générations, les Anglais ont envisagé de capturer la flotte espagnole transportant les trésors, un exploit qui n'avait été accompli qu'une seule fois : en 1628 par le Néerlandais Piet Hein. Les marins anglais ont néanmoins sérieusement recherché les opportunités de corsaire et de commerce dans les colonies espagnoles. À l'approche de sa mort, Charles II légua son trône au candidat français, le futur Philippe V. Le grand-père de Philippe, Louis XIV, approuva avec enthousiasme ce choix et prit des mesures unilatérales agressives pour préserver la viabilité des nouvelles possessions de sa famille, telles que le déplacement de l'armée française dans les Pays-Bas espagnols et l'obtention de droits commerciaux exclusifs pour les Français en Amérique espagnole.

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Bataille de Denain, 24 juillet 1712 (Jean Alaux, 1839). La bataille de Denain se solde par une victoire inespérée des armées françaises commandées par le maréchal de Villars sur les Austro-Hollandais du Prince Eugène. Elle permet après plusieurs défaites de négocier une paix favorable.

Cependant, une coalition d'ennemis opposés à cette expansion rapide de la puissance française se forma rapidement, et une grande guerre éclata de 1701 à 1714. Pour les ennemis de la France, l'idée que celle-ci puisse acquérir une puissance considérable en s'emparant de l'Espagne et de toutes ses possessions européennes et d'outre-mer était inacceptable. Les ennemis de la France formèrent une Grande Alliance, menée par Léopold Ier qui comprenait la Prusse et la plupart des autres États allemands, les Provinces-Unies, le Portugal, la Savoie et l'Angleterre. L'alliance adverse était principalement composée de la France et de l'Espagne, mais comprenait également quelques petits princes et ducs allemands en Italie. De nombreux combats ont eu lieu aux Pays-Bas, mais l'ampleur de la guerre a de nouveau changé lorsque l'empereur Léopold Ier et son fils et successeur, Joseph Ier, sont morts. Cela a laissé l'archiduc Charles, deuxième fils de Léopold et frère cadet de Joseph, comme candidat de l'Alliance à la fois au trône d'Espagne et au Saint-Empire.

Comme une telle union entre l'Espagne et le Saint-Empire romain germanique serait trop puissante aux yeux des alliés de Charles VI, la plupart d'entre eux conclurent rapidement une paix séparée avec la France. Après une autre année de campagne infructueuse, Charles VI fit de même et abandonna son désir de devenir roi d'Espagne. Le traité d'Utrecht de 1713 résolut tous ces problèmes. La France renonça à Terre-Neuve et à la Nouvelle-Écosse. Le petit-fils de Louis XIV devint le roi Philippe V d'Espagne et conserva toutes ses colonies d'outre-mer, mais renonça à tout droit au trône de France. L'Espagne perdit par ailleurs ses possessions européennes en dehors de son territoire national. Les anciens membres de l'Alliance ont également profité de la guerre. Les Provinces-Unies ont conservé leur indépendance face à l'agression française. Les Habsbourg ont gagné des territoires au nord de l'Autriche et en Italie, notamment les Pays-Bas espagnols et Naples. Cependant, le plus grand bénéficiaire de la guerre a été la Grande-Bretagne, car en plus de ses gains territoriaux extra-européens considérables aux dépens de l'Espagne et de la France, elle a mis en place des freins supplémentaires à l'expansion française sur le continent en renforçant modérément ses alliés européens.

L'Église catholique

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Découpage administratif des diocèses et provinces ecclésiastiques en France en 1789.

La monarchie française était irrévocablement liée à l'Église catholique (les rois étaient ainsi connus comme fils aînés de l'Église) et les théoriciens français du droit divin des rois et du pouvoir sacerdotal à la Renaissance avaient explicité ces liens. Henri IV ne put accéder au trône qu'après avoir abjuré le protestantisme. Le pouvoir symbolique du monarque catholique était manifeste lors de son couronnement (le roi était oint d'huile bénite à Reims) et la population croyait qu'il pouvait guérir la scrofule en imposant les mains.

Diocèses et archidiocèses

En 1500, la France comptait 14 archidiocèses (Lyon, Rouen, Tours, Sens, Bourges, Bordeaux, Auch, Toulouse, Narbonne, Aix-en-Provence, Embrun, Vienne, Arles et Reims) et 100 évêchés. Au XVIIIe siècle, le nombre d'archevêchés et d'évêchés était passé à 139. Les échelons supérieurs de l'Église française étaient principalement composés d'anciens nobles, issus de familles provinciales ou de la cour royale, et de nombreux postes étaient devenus de facto héréditaires, certains membres occupant plusieurs fonctions. Outre les fiefs que les membres de l'Église possédaient en tant que seigneurs, l'Église possédait également des terres seigneuriales en son nom propre et y rendait justice.

Importance de l'Église catholique

Au début du XVIe siècle, le clergé séculier (curés, vicaires, chanoines, , etc.) comptait environ 100 000 personnes en France. Parmi les autres pouvoirs temporels de l'Église figurait son rôle politique en tant que premier état dans les États généraux et les États provinciaux, ainsi que dans les conciles provinciaux ou synodes convoqués par le roi pour discuter de questions religieuses. L'Église revendiquait également le privilège de juger certains crimes, notamment l'hérésie, bien que les guerres de Religion aient largement contribué à placer ce crime dans le domaine de compétence des tribunaux royaux et du Parlement. Enfin, les abbés, cardinaux et autres prélats étaient fréquemment employés par les rois comme ambassadeurs, membres de leurs conseils (comme Richelieu et Mazarin) et à d'autres postes administratifs.

La faculté de théologie de Paris (la Sorbonne) disposait d'un comité de censure qui examinait les publications afin de s'assurer de leur orthodoxie religieuse. Les guerres de Religion ont toutefois vu leur contrôle sur la censure passer au parlement, puis, au XVIIe siècle, aux censeurs royaux, bien que l'Église ait conservé un droit de pétition. L'Église était le principal fournisseur d'écoles (écoles primaires et « collèges ») et d'hôpitaux (« hôtel-Dieu », les Sœurs de la Charité) et le distributeur de secours aux pauvres dans la France pré-révolutionnaire.

Bien qu'exemptée de la taille, l'Église était tenue de verser à la couronne un impôt appelé « don gratuit », qu'elle percevait auprès de ses titulaires de fonctions, à hauteur d'environ un vingtième du prix de la fonction (c'était la « décime », réévaluée tous les cinq ans). À son tour, l'Église exigeait de ses paroissiens une taxe obligatoire, appelée « dîme ».

Bien que l'Église ait été attaquée au XVIIIe siècle par les philosophes des Lumières et que le recrutement de clercs et de moines ait diminué après 1750, les chiffres montrent que dans l'ensemble, la population est restée profondément catholique (l'absentéisme aux offices religieux ne dépassait pas 1 % au milieu du siècle). À la veille de la Révolution, l'Église possédait plus de 7 % des terres du pays (les chiffres varient) et générait des revenus annuels de 150 millions de livres.

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L'édit de Fontainebleau, signé le et conservé aux Archives nationales.

Au cours de la Contre-Réforme, l'Église française créa de nombreux ordres religieux tels que les Jésuites et améliora considérablement la qualité de ses prêtres de paroisse ; les premières décennies du XVIIe siècle furent marquées par une profusion de textes dévotionnels et un élan de ferveur religieuse, illustrés par saint François de Sales et saint Vincent de Paul. Bien que l'édit de Nantes (1598) ait autorisé l'existence d'églises protestantes dans le royaume (qualifié d'« État dans l'État »), les droits des Huguenots ont été progressivement érodés au cours des quatre-vingts années suivantes, jusqu'à ce que Louis XIV révoque finalement l'édit en 1685, provoquant une émigration massive des Huguenots vers d'autres pays. Les pratiques religieuses trop proches du protestantisme (comme le jansénisme) ou du mysticisme (comme le quiétisme) furent également sévèrement réprimées, tout comme le libertinage ou l'athéisme déclaré.

Le gallicanisme

La Pragmatique Sanction de Bourges (1438), abrogée par Louis XI mais rétablie par les États généraux de Tours en 1484, confiait l'élection des évêques et des abbés aux chapitres cathédraux et aux abbayes de France, privant ainsi le pape du contrôle effectif de l'Église française et permettant la naissance d'une Église gallicane. Cependant, en 1515, François Ier signa un nouvel accord avec le pape Léon X, le Concordat de Bologne, qui donnait au roi le droit de nommer les candidats et au pape le droit d'investiture. Cet accord provoqua la colère des gallicans, mais donna au roi le contrôle des fonctions ecclésiastiques importantes, dont il pouvait faire bénéficier les nobles.

Louis XIV soutint l'Église gallicane afin de donner au gouvernement un rôle plus important que celui du pape dans le choix des évêques et les revenus des évêchés vacants. Il n'y aurait pas d'Inquisition en France, et les décrets papaux ne seraient applicables qu'après avoir été approuvés par le gouvernement. Louis XIV évita le schisme et souhaitait davantage de pouvoir royal sur l'Église française, mais ne voulait pas se détacher de Rome. Le pape reconnut également que le « roi très chrétien » était un allié puissant, qu'il ne fallait pas s'aliéner.

Le clergé régulier

Au XVIe siècle, le clergé régulier (les membres des ordres religieux catholiques) comptait plusieurs dizaines de milliers de personnes en France. Certains ordres, comme les Bénédictins, étaient principalement ruraux ; d'autres, comme les Dominicains (également appelés « Jacobins ») et les Franciscains (également appelés « Cordeliers ») opéraient dans les villes.

Jusqu'à la Révolution française, la communauté monastique constituait un élément central de la vie économique, sociale et religieuse de nombreuses localités sous l'Ancien Régime. De la fin des guerres de Religion à la Révolution française, Menat, une abbaye cluniale fondée en 1107, régnait sur la vallée de la Sioule, dans la région nord-ouest du diocèse de Clermont. Les moines étaient de grands propriétaires terriens et avaient développé un ensemble diversifié et complexe de liens avec leurs voisins. Ils bénéficiaient de droits seigneuriaux, fournissaient du travail aux pauvres des campagnes et étaient en contact quotidien avec les notaires, les marchands et les chirurgiens. Bien qu'ils ne géraient pas directement la vie religieuse des fidèles, qui était assurée par les curés, les moines en étaient une force motrice en mettant en place un clergé paroissial, en fournissant des aumônes et des services sociaux et en jouant le rôle d'intercesseurs.

À la veille de la Révolution, les communautés de religieuses en France comptaient en moyenne 25 membres et leur âge médian était de 48 ans. Les religieuses entraient plus tardivement dans les ordres et vivaient plus longtemps que jamais. En général, elles possédaient peu de richesses. Le recrutement variait d'une région à l'autre et selon le mode de vie du couvent (actif ou contemplatif, austère ou opulent, classe inférieure ou classe moyenne). La nature du monachisme masculin et féminin différait considérablement en France avant et pendant la Révolution. Les couvents avaient tendance à être plus isolés et moins contrôlés par le pouvoir central, ce qui les rendait plus diversifiés que les monastères masculins.

Le protestantisme en France sous l'Ancien Régime

Période des guerres de Religion (1562-1598)

Le protestantisme français, largement calviniste, trouvait son soutien auprès de la petite noblesse et des classes commerçantes. Ses deux principaux bastions étaient le sud-ouest de la France et la Normandie, mais même là, les catholiques étaient majoritaires. Le protestantisme en France était considéré comme une grave menace pour l'unité nationale, car la minorité huguenote se sentait plus proche des calvinistes allemands et néerlandais que de ses compatriotes français. Afin de consolider leur position, les Huguenots s'alliaient souvent aux ennemis de la France. L'animosité entre les deux camps conduisit aux guerres de Religion françaises et au tragique massacre de la Saint-Barthélemy. Les guerres de Religion prirent fin en 1593, lorsque le huguenot Henri III de Navarre, qui était déjà de fait roi de France, se convertit au catholicisme et fut reconnu par les catholiques et les protestants comme le roi Henri IV de France (r. 1589-1610).

De l'édit de Nantes à l'édit de Fontainebleau (1598-1685)

Les principales dispositions de l'édit de Nantes (1598), promulgué par Henri IV comme charte des libertés religieuses pour les Huguenots, autorisaient ces derniers à célébrer des offices religieux dans certaines villes de chaque province, leur permettaient de contrôler et de fortifier huit villes, établissaient des tribunaux spéciaux pour juger les Huguenots et leur accordaient les mêmes droits civils que les catholiques. Des privilèges militaires furent intégrés à l'édit afin d'apaiser les craintes de la minorité. Au fil du temps, ces privilèges donnèrent clairement lieu à des abus. En 1620, les Huguenots étaient sur la défensive et le gouvernement exerçait une pression croissante. Lorsque les Huguenots proclamèrent une constitution pour la « République des Églises réformées de France », le cardinal de Richelieu (1585-1642) invoqua les pleins pouvoirs de l'État pour y répondre.

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Richelieu sur la digue de La Rochelle (Henri-Paul Motte, 1881). Lors du siège de La Rochelle, le cardinal de Richelieu fait construire une digue afin d'empêcher le ravitaillement de la cité protestante par la mer.

Une série de guerres civiles appelées rébellions huguenotes, qui éclatèrent dans le sud de la France dans les années 1620, furent longtemps considérées par les historiens comme des querelles régionales entre familles nobles rivales. De nouvelles analyses montrent que ces guerres civiles étaient en fait de nature religieuse et constituaient les vestiges des guerres de Religion françaises, qui avaient largement pris fin avec l'édit de Nantes. Les conflits dans les provinces du Languedoc et de Guyenne ont vu les catholiques et les calvinistes recourir à la destruction d'églises, à l'iconoclasme, aux conversions forcées et à l'exécution des hérétiques comme armes de prédilection.

Montpellier figurait parmi les plus importantes des soixante-six villes de sûreté que l'édit de 1598 avait accordées aux Huguenots. Les institutions politiques et l'université de la ville furent confiées aux huguenots. Les tensions avec Paris conduisirent à un siège par l'armée royale en 1622. Les conditions de paix exigeaient le démantèlement des fortifications de la ville. Une citadelle royale fut construite, et l'université et le consulat furent repris par les catholiques. En 1628, le cardinal de Richelieu s'empara de La Rochelle après un long siège. L'année suivante, le traité d'Alès laissa aux Huguenots leur liberté religieuse, mais révoqua leurs libertés militaires. Montauban, qui avait résistée au cours d'un siège en 1621, est la dernière ville à remettre sa reddition en , peu après la signature de la paix d'Alès.

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Litographie de Gottfried Engelmann d'après un dessin original réalisé en 1686 par un auteur inconnu. Le « dragon missionnaire » menace un « hérétique signant la conversion » (protestant) avec un fusil en lui déclarant : « Qui peut me résister est bien fort », auquel le second répond : « La force passe la raison ».

Louis XIV agit de manière de plus en plus agressive pour forcer les Huguenots à se convertir. Il commença par envoyer des missionnaires, soutenus par un fonds destiné à récompenser financièrement les convertis au catholicisme. Puis, il imposa des sanctions, ferma les écoles huguenotes et exclut les Huguenots des professions privilégiées. Intensifiant ses attaques, il tenta de convertir les Huguenots par la force en envoyant des dragonnades (soldats) armés occuper et piller leurs maisons. Enfin, l'édit de Fontainebleau de 1685 révoqua l'édit de Nantes,.

La révocation interdisait les services protestants, exigeait que les enfants soient éduqués dans la religion catholique et interdisait la plupart des émigrations huguenotes. Cela s'est avéré désastreux pour les Huguenots et coûteux pour la France, car cela a précipité les effusions de sang civiles, ruiné le commerce et entraîné la fuite illégale du pays d'environ 180 000 protestants, dont beaucoup sont devenus des intellectuels, des médecins et des chefs d'entreprise en Angleterre, en Écosse, aux Pays-Bas, en Prusse et en Afrique du Sud ; 4 000 d'entre eux se sont également rendus dans les colonies américaines,.

Après la révocation (1685-1789)

Les Huguenots qui restèrent en France se convertirent au catholicisme et furent appelés « nouveaux convertis ». Seuls quelques villages protestants subsistèrent dans des régions isolées,.

Dans les années 1780, les protestants représentaient environ 700 000 personnes, soit 2 % de la population. Ce n'était plus la religion préférée de l'élite, car la plupart des protestants étaient des paysans, le protestantisme étant toujours illégal. La loi était rarement appliquée, mais elle pouvait constituer une menace ou une nuisance pour les protestants. Les calvinistes vivaient principalement dans le sud de la France, et environ 200 000 luthériens vivaient en Alsace, où le traité de Westphalie de 1648 les protégeait encore.

Il y avait aussi environ 40 000 à 50 000 Juifs en France, principalement concentrés à Bordeaux, Metz et dans quelques autres villes. Ils avaient des droits et des opportunités très limités, à l'exception du prêt d'argent, mais leur statut était légal.

Structures sociales

Aristocratie

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Le Tiers-État portant le Clergé et la Noblesse sur son dos. L'auteur explique : « Allusion aux impôts dont le poids retombait en entier sur le peuple : MM. les Ecclésiastiques et les Nobles non seulement ne payaient rien, mais encore obtenaient des grâces, des pensions qui épuisaient l'État, et le malheureux cultivateur pouvait à peine fournir à sa subsistance ».

Le pouvoir politique était largement dispersé parmi les élites. Les cours de justice appelées parlements étaient puissantes, en particulier celle de France. Cependant, le roi ne disposait que d'environ 10 000 fonctionnaires au service de la couronne, ce qui était très peu pour un grand pays où les communications internes étaient très lentes en raison d'un réseau routier inadéquat. Les déplacements étaient généralement plus rapides par bateau océanique ou fluvial. Les différents ordres du royaume (le clergé, la noblesse et les roturiers) se réunissaient parfois au sein des États généraux, mais dans la pratique, ceux-ci n'avaient aucun pouvoir puisqu'ils pouvaient adresser des pétitions au roi, mais ne pouvaient pas adopter eux-mêmes des lois.

L'Église catholique contrôlait environ 40 % des richesses du pays, qui étaient immobilisées dans des dotations à long terme pouvant être augmentées mais non réduites. C'était le roi, et non le pape, qui nommait les évêques, mais il devait généralement négocier avec les familles nobles qui entretenaient des liens étroits avec les monastères et les institutions ecclésiastiques locaux. La noblesse venait en deuxième position en termes de richesse, mais elle n'était pas unie. Chaque noble possédait ses propres terres, son propre réseau de relations régionales et sa propre force militaire.

Les villes jouissaient d'un statut quasi indépendant et étaient largement contrôlées par les principaux marchands et corporations. Paris était de loin la plus grande ville, avec 220 000 habitants en 1547 et une croissance régulière au fil des ans. Lyon et Rouen comptaient chacune environ 40 000 habitants, mais Lyon disposait d'une puissante communauté bancaire et d'une culture dynamique. Bordeaux venait ensuite, avec seulement 20 000 habitants en 1500. Le rôle des femmes a récemment fait l'objet d'une attention particulière, notamment en ce qui concerne leur religiosité,.

Paysannerie

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« La fermière en corvée » : caricature dépeignant les trois ordres et commentée : « Il faut espérer que ce jeu là finira bientôt ».

Les paysans constituaient la grande majorité de la population et, dans de nombreux cas, jouissaient de droits bien établis que les autorités devaient respecter. En 1484, environ 97 % des 13 millions d'habitants de la France vivaient dans des villages ruraux. En 1700, au moins 80 % des 20 millions d'habitants étaient des paysans. Au XVIIe siècle, les paysans étaient liés à l'économie de marché, fournissaient une grande partie des investissements nécessaires à la croissance agricole et changeaient fréquemment de village ou de ville. La mobilité géographique, directement liée au marché et au besoin de capitaux d'investissement, était la principale voie d'accès à la mobilité sociale. Le noyau stable de la société française, composé des artisans des villes et des ouvriers agricoles des villages, comprenait des cas de continuité sociale et géographique stupéfiante, mais même ce noyau avait besoin d'un renouvellement régulier.

L'acceptation de l'existence de ces deux sociétés, la tension constante entre elles et la grande mobilité géographique et sociale liée à l'économie de marché ont été les éléments clés de l'évolution de la structure sociale, de l'économie et même du système politique de la France moderne. Le paradigme de l'École des Annales a sous-estimé le rôle de l'économie de marché, n'a pas su expliquer la nature des investissements en capital dans l'économie rurale et a largement exagéré la stabilité sociale. Les revendications des paysans ont joué un rôle majeur dans les prémices de la Révolution française de 1789.

Les historiens ont exploré de nombreux aspects de la vie paysanne en France, tels que : la lutte contre la nature et la société, la vie et la mort dans un village de campagne, la pénurie et l'insécurité dans la vie agricole, une source de force paysanne via la communauté villageoise, les protestations paysannes et les soulèvements populaires ainsi que la révolution paysanne de 1789.

Postérité de l'Ancien Régime

Mémoire de l'Ancien Régime sous la Révolution et l'Empire

Pour certains observateurs, ce terme en est venu à désigner une certaine nostalgie. Talleyrand, par exemple, a lancé cette célèbre raillerie :

« Celui qui n'a pas vécu au dix-huitième siècle avant la Révolution ne connaît pas la douceur de vivre et ne peut imaginer ce qu'il peut y avoir de bonheur dans la vie. C'est le siècle qui a forgé toutes les armes victorieuses contre cet insaisissable adversaire qu'on appelle l'ennui. L'Amour, la Poésie, la Musique, le Théâtre, la Peinture, l'Architecture, la Cour, les Salons, les Parcs et les Jardins, la Gastronomie, les Lettres, les Arts, les Sciences, tout concourait à la satisfaction des appétits physiques, intellectuels et même moraux, au raffinement de toutes les voluptés, de toutes les élégances et de tous les plaisirs. L'existence était si bien remplie qui si le dix-septième siècle a été le Grand Siècle des gloires, le dix-huitième a été celui des indigestions. »,

— Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, Mémoires du prince de Talleyrand : La Confession de Talleyrand (V. 1-5, Chapitre : La jeunesse (1754-1791) – Le cercle de Madame du Barry)

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Une soirée chez Madame Geoffrin en 1755 (Anicet Lemonnier, 1812). Le tableau donne à voir une vision nostalgique de l'élite des Lumières au temps de l'Ancien Régime, marqué par les salons littéraires tels que ceux de Marie-Thérèse Geoffrin.

Cette affection était due au déclin perçu de la culture et des valeurs après la Révolution, au cours de laquelle l'aristocratie avait perdu une grande partie de son pouvoir économique et politique au profit d'une bourgeoisie considérée comme riche, grossière et matérialiste. Ce thème revient tout au long de la littérature française du XIXe siècle, Honoré de Balzac et Gustave Flaubert s'attaquant tous deux aux mœurs des nouvelles classes supérieures. Dans cet état d'esprit, l'Ancien Régime incarnerait une époque révolue de raffinement et de grâce avant que la Révolution et les changements qui l'accompagnèrent n'instaurent une modernité grossière et incertaine. L'historien Alexis de Tocqueville s'est opposé à cette interprétation dans son ouvrage L'Ancien Régime et la Révolution, qui mettait en évidence la continuité des institutions françaises avant et après la Révolution.

Tentatives de rétablissement de l'Ancien Régime sous la Restauration (1815-1830)

Entre 1814 et 1848, la monarchie est rétablie sous une forme constitutionnelle : le roi exerce son autorité à travers un accord, connu sous le nom de charte (1814, 1830). Cette charte détermine la distribution des pouvoirs entre le roi et les citoyens français, tout en reconnaissant et validant les réalisations de la Révolution française. Entre 1814 et 1848, trois rois se succèdent : Louis XVIII, Charles X, ainsi que Louis-Philippe Ier.

Les ultraroyalistes de 1815

La Restauration, qui peut être conçue dans un sens étroit (restauration des Bourbons sur le trône de France), peut aussi évoquer le retour au structures d'avant la Révolution française. Joseph de Maistre (1753-1821) et Louis de Bonald (1754-1840) ont théorisé leur attitude, qui a été ensuite adoptée par une petite noblesse provinciale favorable à Louis XVIII. Les Chevaliers de la Foi, une organisation secrète, royaliste et catholique créée à Bordeaux en mars 1814, ambitionnaient déjà un retour à l'Ancien Régime.

Le projet de restaurer l'Ancien Régime est porté par un groupe de députés, appelés « ultras », qui dominent la chambre des députés après les élections d’ (dite « Chambre introuvable »).

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Entrée de Charles X à Paris, par la barrière de la Villette, après son sacre. 6 juin 1825 (Louis-François Lejeune, 1825). Le sacre de Charles X est le dernier couronnement royal à avoir lieu en France, reliquat de la pratique d'Ancien Régime.

En même temps, l'échec des Cent-Jours de Napoléon Ier a engendré une série de persécutions contre les opposants à Louis XVIII, connues sous le nom de « Terreur Blanche », particulièrement sévères dans le sud de la France. Enfin, les triomphes électoraux des ultras sont attribués à un taux d'abstention élevé lors des élections de 1815, l'idéologie des ultras reposant sur un rejet profond de la Révolution française, ce qui les pousse à rejeter les principes de la Charte constitutionnelle.

L'ultracisme sous Louis XVIII (1815-1824)

Pendant leur mandat, les ultras adoptent des lois qui signalent un retour à l'Ancien Régime : une loi de sûreté générale autorise les arrestations sans motif, une autre d'amnistie est instaurée pour favoriser les partisans du Roi, l'épuration administrative est mise en place et un jour de commémoration nationale est établi le , date de l'exécution de Louis XVI en 1793. L'étranglement législatif se renforce à la suite de l'assassinat du duc de Berry, neveu du roi, seul héritier présomptif après son père Charles d'Artois, par un ouvrier bonapartiste Louvel, le .

Charles X, roi ultra (1824-1830)

En 1824, Charles X prend la succession de Louis XVIII. Il est connu pour son attachement à l'Ancien Régime, comme le prouve la cérémonie de son couronnement à Reims le . Il désire que le clergé joue un rôle plus actif dans la régulation de la vie sociale.

Il est renversé en juillet 1830 par les Trois Glorieuses, qui donnent le pouvoir à Louis-Philippe d'Orléans, fils du régicide Philippe d'Orléans (dit « Philippe-Égalité ») et, qui en 1792 avait été un général de la république. Roi des Français (et non pas « roi de France »), il adopte le drapeau tricolore de la Révolution française.

Le fils posthume du duc de Berry, Henri d'Artois, duc de Bordeaux et comte de Chambord, porte les espoirs des légitimistes après la chute de Charles X.

Au début des années 1870, après la chute de Napoléon III, alors que la république n'est pas officiellement établie, il est un moment envisagé de le rétablir sur le trône. Mais cette nouvelle restauration n'aboutit pas, notamment à cause d'un conflit sur le drapeau. En 1875, le statut républicain de la France devient officiel.

Notes et références

  1. Temdaoui 2017, p. 10.
  2. « Ancien Régime », dans Encyclopédie Larousse (lire en ligne) (consulté le ).
  3. Les dates de commencement et d'achèvement de l'Ancien Régime sont sujets à débat. Si la forme conventionnellement retenue correspond à une période de 200 ans débutant avec le règne d'Henri IV (r. 1589-1610), certaines études assimilent l'expression d'« Ancien Régime » à celle de « monarchie absolue », et en datent l'essor au règne de François Ier (r. 1515-1547). Pour ce qui est de sa conclusion, l'année 1789 est consensuelle, mais la nuit du 4 Août est parfois évoquée comme scellant le destin d'une société d'ordres désuète.
  4. Lucien Bély (dir.), Dictionnaire de l'Ancien Régime (voir notamment l'avant-propos, 11-15), PUF, 1996, 3e éd. Quadrige (2010).
  5. François Furet, La Révolution: de Turgot à Jules Ferry: 1770-1880, Hachette, coll. « Histoire de France Hachette », (ISBN 978-2-01-009462-0)
  6. Temdaoui 2017, p. 3.
  7. Une lettre de Mirabeau écrite au roi Louis XVI en témoigne de l'emploi du terme « Ancien Régime » dès la fin du XVIIIe siècle :

    « Comparez le nouvel état des choses avec l’ancien régime ; c’est là que naissent les consolations et les espérances. Une partie des actes de l’assemblée nationale, et c’est la plus considérable, est évidemment favorable au gouvernement monarchique. N’est-ce donc rien d’être sans parlement, sans pays d’états, sans corps de clergé, de privilèges, de noblesse ? L’idée de ne former qu’une seule classe de citoyens aurait plu à Richelieu : cette surface égale facilite l’exercice du pouvoir. Plusieurs règnes d’un gouvernement absolu n’auraient pas fait autant que cette seule année de révolution pour l’autorité royale. »

  8. Temdaoui 2017, p. 2.
  9. Arlette Jouanna (dir.), Histoire et dictionnaire des guerres de religion, 1559–1598, Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1998, p.  42
  10. Joseph François Michaud, Louis Gabriel Michaud, Biographie universelle, ancienne et moderne, A. T. Desplaces, 1854, volume 8p. 402
  11. Cité dans l'article « France, formation territoriale (1498-1789) » de l’Encyclopædia Universalis
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  15. a et bArticle « France, formation territoriale (1498-1789) » de l’Encyclopædia Universalis.
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Bibliographie

Ouvrages mentionnés

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  • William Doyle, The Oxford Handbook of the Ancien Régime, OUP Oxford, (ISBN 978-0-1992-9120-5)
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  • Jean de Viguerie, Histoire et dictionnaire du temps des Lumières 1715–1789, Paris, Laffont, coll. « Bouquins », (ISBN 2-2210-4810-5)
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Ouvrages relatifs à la société d'Ancien Régime

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  • Laurence Brockliss et Jones Colin, The Medical World of Early Modern France, (ISBN 0-1982-2750-7)
  • Robert Darnton, Literary Underground of the Old Regime, Cambridge, Mass, Harvard University Press,
  • William Doyle, Old Regime France: 1648–1788, Oxford University Press, (ISBN 0-1987-3129-9)
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  • Pierre Goubert, The French Peasantry in the Seventeenth Century, Cambridge University Press, (ISBN 978-0-5213-1269-1)
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  • Mack P. Holt, Renaissance and Reformation France: 1500–1648, (ISBN 0-1987-3165-5)
  • Colin Jones, The Great Nation: France from Louis XV to Napoleon, (ISBN 0-1401-3093-4)
  • Arlette Jouanna, Philippe Hamon, Dominique Biloghi et Guy Thiec, Histoire et dictionnaire des Guerres de religion, Paris, Laffont, (ISBN 2-2210-7425-4)
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  • René Pillorget et Suzanne Pillorget, France Baroque, France Classique 1589–171, Paris, Laffont, (ISBN 2-2210-8110-2)
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  • Alexis de Tocqueville, L'Ancien Régime et la Révolution, Penguin Publishing, (ISBN 0-1414-4164-X)
  • G. R. R. Treasure, Seventeenth Century France,
  • G. R. R. Treasure, Louis XIV, (lire en ligne)

Ouvrages relatifs à la religion d'Ancien Régime

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  • R. R. Palmer, Catholics and Unbelievers in Eighteenth-Century France, Princeton University Press,
  • Dale Van Kley, The Religious Origins of the French Revolution: From Calvin to the Civil Constitution, 1560–1791,
  • W. R. Ward, Christianity under the Ancien Régime, 1648–1789,

Ouvrages génériques

  • Jean Bouvier et Henry Germain-Martin, Finance et financiers de l'ancien régime, PUF,
  • Olivier Christin, Ancien Régime. Pour une approche comparatiste du vocabulaire historiographique (lire en ligne)
  • Pierre Goubert et Daniel Roche, Les Français et l'Ancien Régime, Armand Colin,
  • Jean-Yves Grenier, Histoire de la pensée économique et politique de la France d'Ancien Régime, Paris, Hachette Supérieur, coll. « Carré Histoire » (no 66), , 288 p. (ISBN 978-2-01-145675-5)
  • Arno Mayer, La persistance de l'ancien régime - L'Europe de 1848 à la Grande Guerre, Aubier, , 350 p.
  • Hélène Meyer, Ancien Régime. Les femmes au chevalet ! Tentatives d'émancipations à l'aube du XIXe siècle, (lire en ligne)
  • Hubert Méthivier, Qu'est-ce que l'Ancien Régime ? (lire en ligne)
  • Roland Mousnier, Les Institutions de la France sous la monarchie absolue, 1598-1789, Paris, Tallandier, (réimpr. 2005) (1re éd. 1974), 1253 p. (ISBN 978-2130548362, lire en ligne). image
  • Jean-Christophe Temdaoui, L’Ancien Régime : une construction historique de 1789 à nos jours, , 13 p. (lire en ligne)
  • Ministère de la Justice, La justice en France sous l'Ancien Régime (lire en ligne)
  • Musée de l'Histoire de l'immigration, Glossaire : sujets et étrangers sous l’Ancien Régime (lire en ligne)

Voir aussi

Articles connexes

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  • Institutions du royaume de France
  • Amirauté (justice)
  • Lettre de répit
  • Traites

Liens externes

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